C'est une ambition que nous avons depuis très longtemps et qui se heurte à une difficulté : l'absence d'harmonisation des bases de données, sur laquelle on finira par progresser. À première vue, les principes d'adoption et de diffusion de logiciels d'aide à la prescription sont une bonne chose. Cependant, si cela devait augmenter le handicap majeur qui affecte notre système de soins, ce serait une mauvaise chose.
Je m'explique : dans notre système de soins, l'amont est fort peu régulé, et l'aval l'est beaucoup. On demande aux généralistes de faire preuve d'une vertu romaine et d'une vigueur permanente pour dire « non ». Il me semble très innovant, et très français, de bâtir son chiffre d'affaires sur le fait de dire « non » à ses clients !
On propose de donner aux généralistes le prix des médicaments, pour qu'ils se rendent compte, etc., mais, psychologiquement, on sait qu'ils vont très mal le prendre ; cela revient en effet à leur dire que, maintenant qu'ils connaissent les prix, ils sont encore plus responsables qu'avant.
Penchez-vous sur certaines décisions du CEPS. Vous constaterez qu'un me too, médicament à amélioration du service médical rendu mineure (ASMR 4), peut obtenir un prix de 20 % supérieur au médicament qu'il est censé remplacer ! L'existence d'un logiciel d'aide à la prescription crée, en aval, pour le généraliste, une responsabilité qu'on aurait peut-être pu lui éviter. On ne peut pas tout reporter sur les généralistes. C'est exactement la même problématique que pour les affections de longue durée (ALD), dont les généralistes ne supportent plus le système.