Je m'exprimerai en tant que représentant syndical de médecins, mais aussi en tant que médecin libéral en exercice.
Le médecin prescripteur est le dernier maillon de la chaîne : il n'agit aucunement sur la validité du médicament ni sur son prix, fixé en fonction du coût de la recherche. Nous reconnaissons la qualité des nouveaux médicaments et, une fois la molécule amortie, nous acceptons volontiers les génériques, bénéfiques à la sécurité sociale.
La prescription est délivrée uniquement en fonction de la santé du patient. Si des antibiotiques sont prescrits pour soigner une maladie virale, c'est que les pressions sont énormes, tout particulièrement de la part des parents lorsqu'un enfant présente de la fièvre. La nouvelle convention a débouché sur une maîtrise médicalisée qui a essentiellement porté sur les antibiotiques. Les résultats sont sans doute insuffisants mais la courbe de croissance s'est infléchie et même inversée : la consommation d'antibiotiques a baissé de 17 %, ce qui représente 13 millions de traitements inutiles évités.
Une prescription doit systématiquement être accompagnée d'explications, à condition que le médecin s'en donne le temps ; sinon, il se décharge en prescrivant n'importe quoi. Mais comment demander à un médecin de prendre beaucoup de temps, alors qu'il doit faire face à tellement de charges ? Il faudrait que nous ayons moins de patients à soigner, afin de gagner autant en travaillant moins, mais nous sommes aussi tributaires de la demande des malades, des épidémies et du stress engendré par les problèmes socioéconomiques.
L'information que nous dispensons est essentielle mais il faut d'abord que nous la recevions. Les DAM, opérationnels depuis peu, présentent un handicap : ils sont ressentis comme des inquisiteurs. Les médecins de la sécurité sociale devraient nouer des contacts plus fréquents avec les médecins de ville, afin d'entretenir des relations confraternelles.
Dans notre cursus initial, il manque une formation en économie et en gestion car nous prescrivons sans savoir ce que recouvre une ordonnance, en termes de coûts des médicaments et des examens complémentaires.
Le masquage d'informations sur le DMP ne doit pas être autorisé. Cela dit, si une femme a subi une interruption volontaire de grossesse (IVG) à dix-huit ans, il serait inutile de lui imposer de l'indiquer dans son dossier.
Est-il envisageable d'instituer un statut de médecin salarié ? Dans quelles conditions ? Quid de la semaine de trente-cinq heures compte tenu des gardes et des heures supplémentaires ? Quelles seront les conditions de départ à la retraite ? Quand j'ai demandé à M. Jean-Marie Spaeth, président du conseil de la CNAMTS, s'il souhaitait la fonctionnarisation des médecins, il m'a répondu qu'il n'était pas fou…