Le médicament a une dimension un peu magique et nous sommes de plus en plus dans une société d'addiction. Ainsi, on trouve aujourd'hui des personnes qui ont besoin de vitamines dès le matin pour se sentir en forme, qui mangent peu le midi, qui prennent quelque chose dans l'après-midi pour éviter le coup de barre et qui prennent à nouveau un produit pour trouver le sommeil le soir. Ainsi, aux fonctions naturelles d'une personne qui se porte comme un charme, s'ajoutent tout au long de la journée des produits plus ou moins inefficaces. Cette habitude anglo-saxonne n'est pas bonne et il faut donc éduquer les patients afin qu'ils comprennent que, dans un pays où on s'alimente correctement, on n'a pas besoin de médicaments pour vivre normalement.
Toutefois ce qui nous préoccupe plus particulièrement, c'est la surconsommation de médicaments remboursés et il faut donc la replacer dans le cadre de notre système de prise en charge globale. Quand on s'interroge sur l'efficacité de ce système, on est bien obligé de constater que nous avons d'excellents résultats, par exemple en ce qui concerne la longévité. Si les Françaises vivent plus longtemps que leurs voisines, c'est peut-être parce qu'elles sont mieux soignées et parce qu'on leur donne plus de médicaments.
Le taux de consommation de psychotropes est de 20 % en France contre 6 % en Allemagne. Ces produits ont non seulement un rôle personnel mais aussi un rôle social : un certain nombre de personnes, en particulier des cadres et des intellectuels, seraient incapables de mener une vie normale s'ils n'en prenaient pas. La question n'est donc pas de savoir si l'on en consomme trop mais s'il est bon pour la population d'en prendre.
Pour conclure, je souhaite à nouveau insister sur la nécessité de donner des références, même si elles ne sont pas scientifiques et si elles émanent d'un groupe d'experts : nous avons en France suffisamment de personnes compétentes pour y parvenir.