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Intervention de Robert Nicodème

Réunion du 22 novembre 2007 à 9h00
Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Robert Nicodème :

Les grandes études scientifiques sur les médicaments sont faites par l'industrie. Les grands congrès mondiaux qui font autorité dans les spécialités n'existent que par l'industrie. Bien entendu, les visiteurs médicaux s'appuient sur ces références, c'est-à-dire sur les travaux réalisés par leurs entreprises et par les interventions favorables à leurs produits effectuées à l'occasion des congrès. Or, si les progrès sont indéniables, il est évident que le coût pourrait être beaucoup amélioré au bénéfice de l'assurance maladie.

On dit souvent que la prescription médicamenteuse est une prescription technique : il y a un examen, un diagnostic et l'on prescrit le médicament qu'il faut. Il n'y a donc là rien de magique. Pourtant, une revue sérieuse titrait récemment sur « l'art de transformer les perceptions en prescriptions »… On retrouve là toute la dimension non scientifique de la prescription médicale, qui correspond à une demande des patients, pour lesquels il y a en effet une part de magie ou d'irréel, ainsi qu'une représentation de la maladie et du médicament qui peuvent induire une demande. Et c'est peut-être ainsi que, lorsqu'une personne âgée est en pleine forme mais a un peu de cholestérol, le médecin est tenté de prescrire une statine. C'est là qu'intervient l'effet de la visite médicale, qui a montré tous les bénéfices que pouvait avoir un médicament donné, qui a donné un grand nombre d'arguments scientifiques que le médecin a, consciemment ou inconsciemment, intégré et transformé en prescription.

D'ailleurs la visite médicale marche très bien : plus il y en a, plus on prescrit. Qui plus est – on rejoint là la question sur la HAS –, il n'existe pas de contre-pouvoir à cette action de l'industrie pharmaceutique. Cela serait pourtant possible, par une meilleure articulation entre la HAS, l'AFSSAPS et le conseil scientifique de la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS). Ainsi pourrait-on, si ce n'est produire des recommandations scientifiques, au moins aider les médecins en leur donnant des orientations dans les domaines qui ne sont pas scientifiquement démontrés. Ce serait une bonne chose et un logiciel pourrait y aider.

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