Ces informations existent et je vous les adresserai également.
Nous ferons par la suite l'évaluation de ce dispositif.
Il existe en effet des logiciels de prescription, dont le plus connu est édité par Vidal. D'autres logiciels jouent un rôle beaucoup plus précis et leur diffusion est plus confidentielle. C'est par exemple le cas de ceux qui calculent la dose de traitement d'antivitamine K et d'anticoagulant en fonction des résultats biologiques de la coagulation sanguine ou de ceux qui déterminent le risque cardio-vasculaire pour savoir s'il faut ou non traiter. L'ensemble de ces logiciels sont édités soit par le groupe Vidal soit par l'industrie pharmaceutique.
S'agissant plus particulièrement du médicament et de la prescription, j'observe que les structures en place travaillent toujours avec un temps de retard. Ainsi, l'industriel qui lance une nouvelle molécule mène des études rigoureuses au vu desquelles il demande une autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne qui est ensuite validée par la France. De la sorte, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) et la HAS étudient les programmes validés par les industriels mais elles-mêmes ne produisent aucune étude sur le médicament. Pourtant, pour rigoureuses qu'elles soient, ces études sont parfois éloignées de la vraie vie en ce qu'elles retiennent des critères d'exclusion importants, dans la mesure où, pour apprécier les états d'un médicament donné, il est légitime d'éviter les interférences. Or, dans la vraie vie les interférences sont fréquentes.
En ce qui concerne la toxicité du médicament, il existe un certain nombre d'événements indésirables. Reprenons l'exemple des Coxibs, qui ont été un des groupes de médicaments les plus vendus ces dernières années et qui ne le sont pratiquement plus, le dernier venant d'être retiré du marché. En fait, les évènements indésirables ont été observés, à un moment où le produit était déjà très largement utilisé, alors même que, pour un coût élevé, son service médical rendu (SMR) était comparable à celui des autres anti-inflammatoires.
N'oublions pas qu'il n'y a guère chaque année qu'un ou deux médicaments vraiment innovants mais qu'il en sort des dizaines qui appartiennent à des classes thérapeutiques existantes. Les centres de pharmacovigilance travaillent précisément à l'amélioration du service médical rendu (ASMR), qui est notée de 1 à 5, et je rends hommage au travail accompli à Toulouse par le professeur Montastruc, qui avait levé le lièvre des Coxibs deux ans et demi avant tout le monde.
Pour l'instant, aucun logiciel ne mentionne l'ASMR, alors que ce serait de nature à aider le prescripteur.
Ce qui gêne aussi le prescripteur c'est le trop grand nombre de médicaments par classe thérapeutique. Si l'on prend l'amoxicilline, pénicilline qui a été un grand progrès il y a plus de vingt-cinq ans et qui marche toujours très bien, il y en a plus de cinquante sur le marché. Les hôpitaux ont fait le ménage : au sein d'une classe, ils choisissent un seul produit. Dans le secteur libéral, on a les 50 amoxicillines et on demande aux médecins de faire le choix. Il me semble que, sans retirer pour autant les autres produits du marché, l'assurance maladie pourrait quand même décider que c'est tel médicament qui rend le meilleur service et qui a le meilleur rapport coût-efficacité. Un logiciel qui serait élaboré par une structure indépendante pourrait y aider.
Vous m'avez également interrogé sur l'articulation avec la HAS. Celle-ci marque incontestablement un grand progrès au plan professionnel : elle permet aux médecins de disposer de recommandations claires qui les aident. Cela étant, il en manque beaucoup. Par exemple quand on pose la question de savoir s'il faut donner des hypolipémiants pour faire baisser le taux de cholestérol chez les personnes de plus de 80 ans, personne n'apporte de réponse. Un grand nombre de patients concernés sont sous statines, avec une bonne efficacité sur le taux de cholestérol, mais quand on en discute de façon scientifique au plus haut niveau, personne n'est capable de dire si c'est ou non ce qu'il faut faire.
Même si l'on ne dispose pas de référence scientifique solide, il me semble que la Haute Autorité de santé pourrait donner une orientation, par exemple en disant que lorsqu'une personne va bien après 80 ans, même avec 3 grammes de cholestérol, il n'est pas nécessaire de la traiter. Cela apporterait une véritable aide et ferait diminuer la prescription de médicaments.