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Intervention de Bernard Kouchner

Réunion du 12 mai 2010 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes :

Beaucoup de choses viennent d'être dites sur un sujet qui nous intéresse tous. Sur les trois agences existantes, seul le GIP Campus France était codirigé par le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche et par le ministère des affaires étrangères. Je rappelle que le Quai d'Orsay contribue pour 90 % au fonctionnement de ces agences. Si cette gouvernance avait été satisfaisante, nous n'y aurions pas touché, mais tel n'est pas le cas. C'est pourquoi nous avons entrepris de la moderniser pour améliorer la visibilité de la politique de la France et attirer davantage d'étudiants étrangers.

Je peux reprendre tous les arguments du rapporteur, mais pour aboutir à des conclusions différentes. Comme lui, nous voulons que l'action extérieure de l'État fonctionne mieux. Il est clair que les entreprises privées répondent plus vite aux demandes et que leur chiffre d'activité – dix milliards d'euros – est sans commune mesure avec celui du secteur public – moins de dix millions. Il faut améliorer cela, sans pour autant oublier le secteur privé.

Je suis convaincu de la supériorité d'une tutelle unique. Pour préparer les demandes de visas, vous souhaitez une tutelle partagée. Irez-vous jusqu'à proposer une cotutelle avec le ministère de l'immigration ? Quant au ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, nous ne l'écartons nullement puisqu'il participe, avec le ministère des affaires étrangères, à la désignation du directeur général et du président de l'établissement, et qu'il est représenté à parité au sein du conseil d'administration.

Hervé Gaymard a raison : les universités sont de plus en plus autonomes et peuvent envoyer des experts. Mais les universités et les universitaires forment un tout et un établissement public regroupant France Expertise et France Campus me semble être la formule la plus efficace.

Si nous avons avancé une telle proposition, c'est que nous sommes très en retard, dans notre pays, tant en matière d'expertise que de suivi des étudiants, en particulier des élèves du secondaire. La qualité des lycées français est indéniable, certes, mais elle peut encore être améliorée.

Nous devrons naturellement régler le problème de la gratuité de la scolarité et des bourses : je m'y suis engagé. Mais c'est tout le « circuit » qu'il faut améliorer. Les flux étudiants vers la France sont beaucoup moins importants que vers les autres pays. Il semble beaucoup plus facile à un jeune étranger d'aller étudier en Australie, en Angleterre ou aux États-Unis que de venir chez nous.

Aujourd'hui, l'aide au développement, ce n'est plus enseigner à labourer, mais développer l'expertise. Les pays qui faisaient partie du bloc soviétique, lorsqu'ils ont entrepris de privatiser leurs entreprises, l'ont fait grâce à l'intervention des experts. La médecine, secteur auquel notre pays consacre le plus d'argent, fait partie elle aussi de l'aide au développement. Celle-ci s'organise en dépit des obstacles tenant à une gouvernance défaillante ou à la corruption – obstacles qui peuvent eux-mêmes être levés, d'ailleurs, grâce à l'expertise !

Je rejoins le rapporteur sur la nécessité d'être plus efficaces mais un EPIC où chacun trouverait sa place me semble le permettre. Même si le ministère des affaires étrangères fournit 90 % des ressources, ce texte n'a pas pour but d'écarter les autres ministères, bien au contraire : il nous permettra de travailler ensemble dans une atmosphère plus sereine et dans un cadre simplifié. L'Allemagne ou l'Australie ont fait ce choix.

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