Je tenterai de vous répondre sans rien dévoiler de ce qui concerne l'audit, qui n'a de toute façon mis au jour rien de dramatique. Il existe dans ce pays un problème général en matière d'alerte des populations. En tant que maire d'une petite commune, je suis régulièrement réveillé en pleine nuit par des appels automatiques de la préfecture. Ils m'apprennent par exemple que ma commune est, comme les communes des trente-deux départements dont la télévision a donné la liste la veille au soir, concernée par une alerte orange de Météo France. Par expérience, je sais que si, après avoir décroché, je n'appuie pas sur la touche « étoile » de mon téléphone, l'appel sera renouvelé dix minutes plus tard. En revanche, à partir du moment où j'appuie sur cette touche, la responsabilité d'un manque de préparation de la commune bascule sur le maire : c'est une façon d'ouvrir le parapluie… Mais à force d'entendre ainsi crier au loup, on finit par ne plus tenir compte des appels. Pourquoi irais-je arpenter la région en pleine nuit pour dire à la population qu'un coup de vent se prépare – ce qu'elle sait déjà – alors que trois fois sur quatre il ne se passe rien ? Ce n'est pas ainsi qu'il faut s'organiser.
Sachez par ailleurs que le réseau national d'alerte est tenu par l'armée de l'air, que les sirènes ne peuvent être déclenchées que depuis Paris, quelle que soit la fraction de territoire concernée, et que le système n'intègre pas les sirènes d'usine. En conséquence, il n'existe pas de véritable système général d'alerte. On essaie les sirènes une fois par mois, le premier mercredi à midi. Si elles se déclenchaient à un autre moment, quel serait le réflexe de la population, dans la mesure où on ne lui a même pas transmis cette simple instruction de se mettre à l'écoute d'une fréquence donnée de la radio ? À l'heure actuelle, aucun ménage en France n'a reçu la moindre explication sur la façon dont il faut réagir lorsque l'on entend un tel signal sonore. Dans le cas de Xynthia, où une alerte rouge avait été lancée sur deux départements, il aurait été utile, au moins dans les zones proches du littoral, de transmettre à la population des consignes plus explicites.