Le report des élections – que l'actuel gouvernement devait être en mesure de remporter sans grand problème – est davantage un symptôme que le coeur du problème : outre qu'il a été décidé d'un commun accord entre le pouvoir et l'opposition afin de réaliser un certain nombre de réformes qui n'ont d'ailleurs toujours pas eu lieu, il est surtout révélateur d'un profond malaise politique qui s'exprime notamment dans les des libertés publiques.
Le Houthisme, en ce qui le concerne, est un phénomène complexe : il s'agit d'un mouvement qui est lié à ce que je qualifierai de renouveau zaïdite. Réactionnaire, issu de la minorité chiite, il se revendique du zaïdisme, lequel se réfère à l'imamat zaïdite qui a dirigé le Yémen du Nord pendant plus de 1 000 ans, avant la révolution de 1962 et la guerre civile ; le paradoxe veut d'ailleurs que l'actuel président appartienne à cette minorité, même s'il a abandonné les référents identitaires du zaïdisme que la rébellion, elle, essaie de valoriser. Cet abandon des référents identitaires zaydites s'est inscrit dans un profond processus historique de convergence des identités religieuses, qui n'est toutefois pas allé sans certaines résistances, venant à la fois du courant salafi et des partisans du renouveau zaydite.