Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Bernard Devy

Réunion du 5 mai 2010 à 9h30
Commission des affaires sociales

Bernard Devy :

La question des retraites étant, pour nous, à la fois un dossier majeur qui engage l'ensemble des salariés et un problème de société, elle appelle une action plus dure que celles qui ont été engagées jusqu'à présent. En effet, les manifestations à répétition de 2009 n'ont pas été efficaces. Nous ne voulons pas qu'à la fin du mois de juin, on range pancartes et baskets et qu'on oublie pendant la période des vacances ce qui est un véritable sujet d'inquiétude pour les salariés. C'est pourquoi nous appelons à une journée d'action à la mi-juin. Il appartiendra ensuite aux organisations syndicales de définir leurs positions. Quant à nous, nous vivons au jour le jour : nous verrons, en fonction de la mobilisation des salariés, ce qu'il y a lieu de faire vis-à-vis de la réforme qui s'annonce.

La problématique posée en 2003 doit être revue. Nous n'avons plus la capacité aujourd'hui de régler le problème du financement par des transferts de l'assurance chômage vers l'assurance vieillesse, comme cela avait été envisagé à l'époque. Il y a aujourd'hui 5 millions de personnes en dehors du marché du travail, dont 3 millions seulement sont indemnisées. Comme je l'ai fait remarquer au cabinet du ministre il y a quelques jours, un recul de l'âge légal de départ à la retraite menacerait l'indemnisation d'une certain nombre de travailleurs qui se trouvent actuellement « dans les tuyaux », c'est-à-dire qui, licenciés par les entreprises à 57 ans et demi, bénéficient d'une garantie de trente mois d'indemnisation. On ne peut pas imaginer que ces personnes se retrouvent sans aucune indemnité en juillet 2012 ou avec les seuls secours prévus dans le cadre du revenu de solidarité active (RSA).

Pour nous, on ne peut donc pas dissocier le problème des retraites de celui de l'emploi.

Ce qu'il faudrait, bien évidemment, c'est que la croissance reprenne. Le déficit actuel de la Caisse nationale d'assurance vieillesse des travailleurs salariés (CNAVTS) correspond très exactement à la baisse d'activité, soit 30 %. La diminution de la croissance économique nous a fait perdre l'équivalent de 800 000 emplois en 2009, si bien que la masse salariale a, pour la première fois depuis l'après-guerre, baissé de 1,3 %, ce qui s'est traduit par des rentrées financières moindres.

S'agissant des régimes de retraite complémentaire, les perspectives de déséquilibre ont été ramenées à 7 ans : au lieu de n'avoir à décaisser qu'à partir de 2017, comme il était prévu dans les premières estimations faites en 2006, nous allons être obligés de le faire à hauteur de 2,5 milliards d'euros pour l'Association pour le régime de retraite complémentaire des salariés (ARRCO) et de 1 milliard d'euros pour l'Association générale des institutions de retraite des cadres (AGIRC) à cause de la perte, sur trois ans, de quelque 9 milliards d'euros de cotisations. C'est dire nos craintes si le Gouvernement décidait, comme des rumeurs persistantes le laissent penser, de reculer l'âge de la retraite pour le faire passer progressivement à 61, 62 puis 63 ans.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion