Pour l'instant, il n'y a rien.
Nous n'opposons pas les jeunes et les seniors : nous avons un problème global d'emploi à régler. Affirmer que les seniors doivent rester au travail ne marche tout simplement pas : malgré la légère augmentation que vous avez évoquée, ils continuent à quitter massivement les entreprises, et les accords n'auront aucun effet parce qu'ils ne posent aucune contrainte. D'après les sondages, 57 % des employeurs affirment qu'il leur serait très difficile de faire travailler les salariés après 60 ans, et le taux est beaucoup plus élevé dans la construction et le commerce. Les employeurs ne sont pas prêts, il faut prendre ce fait en considération.
On peut traiter le problème de la pénibilité sans créer de nouveaux régimes spéciaux. L'urgence est de faire partir certains salariés plus tôt. Prendre le prétexte d'un refus des régimes spéciaux permet simplement de botter en touche. La commission de validation permettrait de vérifier le parcours des salariés en reconnaissant leur nombre d'années d'exposition. Elle pourrait comprendre, outre les partenaires sociaux, peut-être un médecin du travail, un représentant de l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail et un inspecteur du travail.
La modulation des cotisations selon le poids des salaires dans la valeur ajoutée des entreprises, dans un premier temps, ne produira pas de gains très importants. En revanche, elle favorisera l'emploi et créera donc des ressources futures. Et il faut aussi réduire les exonérations, qui se montent aujourd'hui à 30 milliards d'euros. Les deux mesures conjuguées pourraient dégager 10 milliards d'euros.
La question de la taxation des revenus financiers appelle un véritable choix de société. Le choix fait dans les années précédentes au sujet des retraites est clair : on y consacrait 5,4 % du PIB en 1959, et 13,3 % en 2000. Oui, il faut encore augmenter la part du PIB consacré aux retraites. Ce n'est pas impossible, sachant qu'il va doubler d'ici 30 ou 40 ans. Encore faut-il le vouloir ! Depuis 2000, la part de PIB dirigée vers les dividendes a été multipliée par quatre !