Alors, oui, nous nous réjouissons de la détermination de Brice Hortefeux et nous le félicitons pour son efficacité.
Nous savons que sa politique est équilibrée et juste, notamment parce qu'elle donne une grande place au codéveloppement, qui est l'un des moyens les plus efficaces pour que les déplacements massifs de population se réduisent et que des générations entières, en quête d'un Eldorado imaginaire, cessent de quitter leur pays.
Elle est équilibrée et juste car elle rappelle la vocation de notre pays à accueillir sur son sol les réfugiés politiques victimes de l'oppression. Nous saluons ainsi les garanties offertes par ce texte aux demandeurs d'asile.
Tous ici nous aimons à concevoir notre pays comme un creuset de cultures. Personne n'oublie ce que la France doit aux populations immigrées qui se sont installées sur son sol tout au long de son histoire. Mais pour que l'immigration demeure une richesse, tant pour les Français que pour ceux qui les rejoignent, il convient d'enrayer l'échec de la politique d'intégration qu'a souligné tout à l'heure M. le ministre.
Pour nous, une intégration réussie repose d'abord sur le respect de ce qui fait notre identité nationale. Oser aborder le thème de l'identité nationale, comme Nicolas Sarkozy l'a fait lors de la campagne présidentielle, ce n'est pas affirmer avec arrogance qu'une seule culture est la bonne, qu'une seule mémoire est officielle, ou que les différences seront étouffées. C'est, tout simplement, rappeler que les valeurs républicaines qui fondent le socle commun de notre nation doivent être respectées.
Dire que nous tenons à préserver notre identité nationale, c'est se souvenir que nos droits fondamentaux ont été durement acquis et qu'aucun compromis n'est envisageable à leur sujet. Seul le respect s'impose. Impossible de négocier sur l'observation de la laïcité. Impossible d'hésiter sur le respect des lois de la République. Impossible de tergiverser sur les libertés fondamentales et notamment celles des femmes.
C'est l'objet des principales mesures qui nous sont proposées dans ce texte, notamment en ce qui concerne le regroupement familial.
En 2005, la France a délivré 92 000 cartes de séjour au titre de l'immigration familiale et 11 000 – soit à peine 7 % – au titre de l'immigration économique. Ce déséquilibre n'est plus acceptable. Il devenait donc urgent de mieux encadrer l'immigration familiale et de privilégier l'immigration économique choisie. Il convenait aussi de lutter contre certaines fraudes.
Certains amendements vont y contribuer, notamment l'amendement instaurant les tests ADN qui suscite tant de débats. Fondé sur la base du volontariat et destiné à prouver, en cas de doute, la filiation, il me paraît, personnellement, utile, pertinent et responsable. Utile car il permet de lutter contre une source de fraude importante en matière d'immigration familiale dans des pays dépourvus d'état civil fiable. Responsable car il offre aux candidats au regroupement familial, comme l'a souligné le rapporteur, un droit supplémentaire pour étayer leur demande dans des délais beaucoup plus courts qu'auparavant. Pertinent car il s'aligne sur un dispositif employé dans douze pays de l'Union européenne qui ne sont pas connus pour leur caractère liberticide.
Pourtant les voix récurrentes de l'angélisme béat se sont élevés contre ce texte et cet amendement. Décidément, certains demeureront toujours autistes ! Est-ce faire preuve d'humanisme que de laisser entrer sur notre territoire des étrangers qui n'ont pas les moyens matériels de vivre dignement ou de trouver un emploi ? Faut-il accepter que des migrants puissent vivre en France dans des conditions de précarité indignes de notre pays ? Jusqu'à quand allons-nous supporter le spectacle affligeant d'immeubles insalubres où des familles entières périssent au milieu des flammes comme ce fut le cas à Paris, dans la circonscription de M. Blisko, en août 2005 ?
Naturellement, il est souvent de bon ton d'exhiber pour la circonstance une pitié toute convenue, de déployer une fausse compassion qui, de fait, n'engage à rien. Mais ceux qui souffrent n'ont que faire de notre condescendance ! La pitié n'est que l'aveu chéri des coupables, nous rappelait Pascal.
Pour sa part, le groupe UMP considère qu'il est tout à fait légitime de demander à un étranger qui veut vivre dans notre pays, au titre du regroupement familial ou parce qu'il est le conjoint d'un Français, d'apporter la preuve des efforts qu'il est prêt à accomplir ou qu'il a accomplis pour s'intégrer sur notre territoire.
Se baser sur la connaissance et le respect des valeurs fondamentales de la République pour évaluer le degré d'intégration de l'étranger est essentiel. C'est avec ces valeurs que notre République et notre nation se sont construites. Être Français, ce n'est pas être blanc ou noir, musulman ou catholique. Être Français, faire partie de notre communauté nationale c'est adhérer, respecter et défendre ces valeurs. Quoi de plus normal, dès lors, que de s'y référer ?
Cette intégration réussie passe naturellement par la connaissance et l'apprentissage de la langue française. Parce qu'ils maîtrisent mal le français, de nombreux étrangers sont souvent condamnés à l'échec scolaire ou cantonnés à des fonctions professionnelles subalternes.
N'oublions pas que plus de 20 % des étrangers en situation régulière sont aujourd'hui au chômage. Personne ne peut se satisfaire de ce constat, personne ne peut décemment dire qu'une telle situation est acceptable.
C'est pourquoi l'instauration d'une évaluation du degré de connaissance de notre langue suivie, si nécessaire, d'une période de formation, est fondamentale. Ce test offrira aux étrangers, avant leur arrivée en France, les conditions de la réussite de leur intégration à la communauté nationale.
Il est tout aussi légitime de s'assurer que les personnes qui sollicitent le regroupement familial ont des revenus suffisants pour subvenir aux besoins de leur famille.
L'efficacité de ce dispositif sera encore renforcée par la création du contrat d'accueil et d'intégration pour la famille. Il ne s'agit pas ici de dire que les parents étrangers sont de facto incapables d'élever et de s'occuper de leurs enfants, mais simplement de s'assurer que les valeurs, principes et obligations qui existent dans notre pays en matière d'éducation sont connus et respectés.
Au total, les dispositions prévues par le présent projet sont raisonnables et mesurées. Elles témoignent du pragmatisme et du réalisme permettant de concilier fermeté et humanisme. Mais, comme vous l'avez dit vous-même, monsieur le ministre, est-ce suffisant ? Nous le savons, les déséquilibres économiques et écologiques, les problèmes de développement, de niveau de vie, de sécurité qui caractérisent la situation internationale risquent d'amplifier les pressions migratoires de façon considérable. Il sera sans doute indispensable que notre pays se dote d'outils supplémentaires pour s'adapter à ces prochains enjeux. Dès lors, se posera assez rapidement la question de la révision de notre constitution pour instaurer des quotas d'immigration.
Monsieur le ministre, vous nous trouverez toujours à vos côtés pour soutenir cette politique courageuse et généreuse qui sert l'intérêt général. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)