Je vous félicite pour cet exposé passionnant. Il me semble que la dissuasion nucléaire et la défense antimissile sont deux sujets distincts qui ne doivent pas être confondus. La dissuasion permet de sanctuariser le territoire national, tandis que la protection de nos troupes en opérations extérieures relève d'une autre problématique.
Dans cette affaire, la contrainte budgétaire est déterminante. Aussi, il me paraît essentiel de concentrer les efforts sur les priorités affichées par le Livre blanc, à savoir mettre l'accent sur le renseignement, les satellites ou les enjeux stratégiques. Le glaive est toujours préférable au bouclier, surtout dans un cadre budgétaire contraint. D'autant que si l'on chiffre le besoin de financement à 2,5 milliards d'euros aujourd'hui, il est possible que le solde s'élève in fine à 4 voire 5 milliards d'euros dans un dizaine d'années.
En ce qui concerne l'OTAN, vous semblez préconiser pour la France un simple rang de sous-traitant privilégié, à l'image du Royaume-Uni, qui fournit des « briques » technologiques et apporte un financement limité. De ce point de vue, nous verrons lors du prochain sommet de Lisbonne si le retour de la France dans les structures de commandement intégré a été payant.
Considérez-vous que les États-Unis ont véritablement intérêt à concéder des marges de manoeuvre aux Européens ? Disposons-nous d'un ou deux partenaires européens sur lesquels nous appuyer, tels que l'Allemagne ou le Royaume-Uni, pour construire cette « brique » européenne ? Bref, existe-t-il encore une possibilité de constituer un noyau européen au sein de l'OTAN dans ce domaine ?