Au xixeme siècle, quand les migrants n'étaient pas basanés – certains d'entre eux venant même des campagnes françaises –, on assimilait cette population ouvrière à une « tourbe de nomades » constituant, aux portes de la ville, une société étrangère et hostile. Dans La Fille aux yeux d'or, Balzac décrit « ce peuple horrible à voir, hâve, jaune […] cette physionomie cadavéreuse ». Laissez-moi vous rappeler aussi ce petit poème sur le peuple de Paris :
« La race de Paris, c'est le pâle voyou
Au corps chétif, au teint jaune comme un vieux sou ;
C'est cet enfant criard que l'on voit à toute heure
Paresseux et flânant, et loin de sa demeure
Battant les maigres chiens, ou le long des grands murs
Charbonnant en sifflant mille croquis impurs […] »
À l'époque, ce n'était pas parce qu'il était basané que l'on éprouvait de la répulsion pour le prolétaire, mais parce qu'il était trop pâle. (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. – Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)