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Intervention de Christine Lagarde

Réunion du 3 mai 2010 à 21h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2010 — Discussion générale

Christine Lagarde, ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi :

Monsieur le président, monsieur le président de la commission des finances, monsieur le rapporteur général, mesdames, messieurs les députés, avant de répondre sur quelques-uns des principaux points évoqués par les nombreux orateurs, je remercie d'ores et déjà ceux qui ont soutenu le principe de ce plan concerté qui permet de soutenir l'État grec.

Vous avez été nombreux à évoquer la question des taux d'intérêt. Je vous rappelle la ligne que nous avons adoptée.

Premier principe, nous avons souhaité « y aller ensemble », si je puis m'exprimer ainsi, c'est-à-dire que tous les États appliquent le même taux d'intérêt, bien qu'il s'agisse en fait du taux d'intérêt des prêts bilatéraux accordés par les États et, pour l'Allemagne, par la KfW, à la Grèce.

Deuxième principe, nous avons cherché à nous rapprocher autant que possible des taux pratiqués par le Fonds monétaire international, qu'un taux fixe – par hypothèse évidemment plus élevé qu'un taux variable – ou qu'un taux variable soit retenu. Nous souhaitions une quasi-parité avec le Fonds monétaire international.

Troisième principe, la non-concessionnalité des prêts a été longuement débattue, notamment à l'occasion de la réunion de l'Eurogroupe tenue le 11 avril dernier. Il s'agit, en l'espèce, non pas de faire de la bonification de taux d'intérêt mais de permettre à la Grèce de se financer et de se refinancer à des taux bien meilleurs que ceux, de l'ordre, aujourd'hui, de 12 %, auxquels elle aurait accès si le marché lui était ouvert, sans que ces taux soient inférieurs, par exemple, à ceux auxquels se refinancerait aujourd'hui le Portugal. En effet, si l'on appliquait, monsieur Pierre-Alain Muet, le mécanisme que vous suggérez, on parviendrait quasiment à des taux inférieurs aux taux de refinancement actuels du Portugal.

Certes, le taux retenu n'est pas parfait et il pourrait être moindre, mais c'est le taux auquel nous parvenons si nous respectons les trois principes retenus pour que la zone euro adopte une attitude cohérente.

Certains d'entre vous, notamment M. Brard, ont évoqué le rôle de la BCE. Je rappellerai simplement que, après avoir été un financeur, la BCE est aujourd'hui un refinanceur, à des conditions qui ont été clarifiées ce matin. La BCE a effectivement indiqué que, pour une durée indéterminée, elle acceptait en refinancement tous les titres présentés par la Grèce au titre du financement de sa dette souveraine, quelles que soient, par ailleurs, les notations attribuées par quelque agence de notation que ce soit. Cela signifie que la BCE a aujourd'hui suffisamment confiance dans le plan mis en oeuvre pour ignorer totalement les notations attribuées par les agences aux titres présentés par la Grèce. Cela exprime, en outre, la volonté de la BCE d'asseoir son jugement sur ses propres analyses et non pas sur celles des agences de notation.

Par ailleurs, la BCE a fourni hier, lors de la réunion de l'Eurogroupe, une analyse très précise, très détaillée, de l'ensemble du dispositif auquel le gouvernement grec a décidé de souscrire dans le cadre du plan négocié entre la Commission et le Fonds monétaire international.

Vous avez été nombreux à évoquer le risque de contamination à un certain nombre de pays, notamment sur l'arc nord de la Méditerranée, voire en mer d'Irlande. Évitons cependant de comparer ce qui n'est pas comparable. Je crois en particulier qu'un trait distingue la Grèce : l'absence de données statistiques fiables, avec des chiffres infondés et un déficit de confiance grave dont ce pays souffre depuis le mois de novembre dernier. Cela a empiré avec les révisions successives du montant de son déficit et les dégradations que vous savez, que vous avez qualifiées comme elles devaient l'être. Les mêmes incertitudes ne pèsent pas sur les statistiques des autres pays évoqués, qu'il s'agisse du Portugal, de l'Espagne ou de l'Irlande. D'autre part, leur situation financière est sans rapport avec celle de la Grèce, et bien plus favorable, que ce soit en matière de déficit public ou de ratio d'endettement rapporté au PIB. Comparer la Grèce avec, notamment, le Portugal ou l'Irlande est donc tout à fait hasardeux et parfaitement inadéquat.

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