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Intervention de Olivier Carré

Réunion du 3 mai 2010 à 21h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2010 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Carré :

On oublie que le mécanisme ne fonctionne que si le principe de la convergence des États vers un certain nombre de « pré-requis » est bien mis en oeuvre ; faute de quoi l'accès à l'euro permet de se financer dans les conditions les plus favorables, et par conséquent alimente la facilité dans laquelle un État peut se complaire. La crise grecque le rappelle : ce qui, au pays des philosophes, ressemblait à un paradoxe est en fait un sophisme. Le retour à la réalité n'en a été que plus violent ; c'est la première leçon à tirer des événements que nous venons de vivre.

Second point : la gouvernance européenne est mal adaptée à la résolution d'une telle crise ; nous avons donc besoin d'un nouvel outil. La confiance que l'on a dans une monnaie tient essentiellement à la capacité politique de son émetteur à garantir sa valeur. La question est aujourd'hui posée de savoir quels sont les déterminants politiques qui fondent la valeur de l'euro : le traité, la solidarité des États de la zone euro entre eux ?

Certes, nous engageons notre signature pour emprunter en lieu et place d'un État qui n'a plus les capacités de le faire sereinement. De ce point de vue, il faut souligner la reconstitution des avoirs de change de la France, passés, de façon inaperçue, de 19 milliards d'euros au premier trimestre de 2009 à près de 34 milliards aujourd'hui. Mais en apportant notre signature, nous endossons tous, et chaque État endosse, une partie du risque. Finalement, on prend donc le risque de miner la confiance dont jouit la monnaie commune.

À mes yeux, le risque d'effet domino demeurera tant que la Banque centrale n'affirmera pas elle-même qu'elle est, d'une façon ou d'une autre, aux côtés de tous les États pour contrer toute velléité spéculative contre l'un d'entre eux. Il est impératif que les fonds spéculatifs, qui vont d'une position à une autre et d'un pays à l'autre, craignent à un moment de se faire piéger. Le problème, pour la Banque centrale, est que, ce faisant, elle s'avouerait prêteuse des États en dernier ressort, ce qui est incompatible avec ses statuts. On voit donc l'ampleur des difficultés.

Pourtant c'est bien l'euro, et non la Grèce, qui est menacé. L'organisation économique européenne a trouvé sa limite dans le fait que l'euro n'est pas le tout qui transcende les parties et les États. Le FMI intervient aujourd'hui parce qu'il est multinational sans être supranational, et que, autorité publique et émanation de ses membres tout à la fois, il n'empiète pas sur la souveraineté des États. Toutefois, si son intervention résout un certain nombre de difficultés, on peut s'interroger sur l'évolution de son rôle.

La situation, en effet, n'est pas celle d'une crise de la balance des paiements classique mais d'un État pour qui les avantages de l'euro ne jouent plus.

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