Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le ministre, mes chers collègues, la crise grecque est probablement une des crises les plus graves que l'Europe ait connue depuis sa création, en tout cas la plus grave depuis la mise en place de l'euro. Chacun a bien compris, même tardivement, qu'à travers la Grèce c'était l'euro qui était menacé, c'est-à-dire un des instruments essentiels du développement économique de l'Europe, mais aussi un symbole de son unité.
On peut évidemment se réjouir du sursaut des États de la zone euro, qui, après de nombreux mois d'indécision, se sont décidés à adopter un plan de sauvetage et à le mettre en oeuvre. On peut se rassurer en se répétant que l'Europe ne progresse que par crises et qu'elle finit toujours par trouver les ressources lui permettant de surmonter les obstacles.
Mais on peut aussi s'inquiéter de la réaction des États de la zone euro. Les atermoiements de l'Europe, dans cette circonstance comme dans d'autres, sont le signe d'un recul de l'idée européenne et d'un repli sur les seuls intérêts nationaux. Ce n'est en définitive que si ces derniers sont menacés que la réponse européenne intervient. En l'occurrence, la solidarité avec la Grèce a été imposée à l'Europe. Elle n'a pas été choisie. Je rejoins ce qu'a ditHenri Emmanuelli sur ce point.
Un tel mode de fonctionnement n'est évidemment pas satisfaisant. Il est dangereux car l'Europe et les États qui la composent jouent avec les limites, au risque de les dépasser et de menacer la pérennité de l'Union. L'Europe n'est pas une construction intangible, nous le savons bien ; elle est fragile et peut être emportée par une crise plus forte que les autres ou qui ne serait pas finalement maîtrisée. La divergence des économies entre pays européens, qui explique en grande partie la situation actuelle – j'y reviendrai –, rend plausible un scénario de ce type. De plus, ce fonctionnement erratique ne produit pas les meilleures décisions. On en a un exemple éclatant avec le plan de sauvetage de la Grèce. En effet, faute d'anticipation, celle-ci se voit imposer un plan d'austérité qui lui laisse très peu de marges de manoeuvre, avec le risque qu'il ne soit pas appliqué – mais la question de son maintien dans la zone euro se poserait alors –…