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Intervention de Henri Emmanuelli

Réunion du 3 mai 2010 à 21h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2010 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHenri Emmanuelli :

Vous avez dit qu'il y avait une différence de taux. J'ai l'impression qu'on ne va pas en faire cadeau à l'Assistance publique, au Secours populaire ou au Secours catholique ; à mon avis, c'est plutôt pour le budget de l'État.

Tout cela est donc tout de même très étrange et très curieux. Qu'à la rigueur on cherche à ne pas encourager le laxisme, c'est normal, c'est justifié, mais était-ce la bonne méthode ? Je ne crois pas. La bonne méthode aurait été de mettre en place les lignes de crédit et ensuite, dans un second temps, d'exiger peut-être de la Grèce des efforts à titre de remboursement ultérieur. Là, on dit aux Grecs qu'ils vont devoir faire des sacrifices monumentaux, dont on n'avait pas vu la nécessité auparavant, ce qui, je le dis au passage, laisse tout de même songeur quant à la capacité d'analyse de prétendues instances européennes. Je ne sais pas ce que fait Eurostat mais, manifestement, cela ne sert pas à grand-chose.

J'ajoute, sans nommer personne, qu'il n'y a pas que la Grèce. Tout le monde sait que, dans un certain nombre d'économies, un pourcentage non négligeable de l'activité est, comme disent les banquiers, « à côté de la plaque » ; il n'apparaît pas dans la comptabilité. Et nous ne pouvons pas dire que nous sommes surpris : je me souviens que, déjà dans les années 1980, au conseil des ministres du budget à Bruxelles, on ironisait sur certaines tenues de comptabilité. Nous sommes en 2010 ; il faut croire qu'entre-temps la progression du contrôle n'a pas été fulgurante, c'est le moins que l'on puisse dire.

Je pense qu'il faut être prudent, monsieur le rapporteur général. Il ne faut pas se féliciter ni brandir le bâton comme je le vois faire, parce qu'il y a un peuple, une opinion publique en Grèce, et je ne crois pas qu'elle soit disposée à payer à la place des autres. Lorsqu'on menace le peuple grec de représailles, de punitions, il faudrait au moins avoir la décence de faire aussi quelque chose contre les banques qui ont spéculé contre ce pays. En commission des finances, madame la ministre – vous l'avez peut-être oublié –, nous vous avons demandé s'il y avait moyen de savoir quels étaient les opérateurs qui se trouvent en première ligne. Nous n'avons reçu aucune réponse et je ne pense pas que nous en recevions davantage ce soir ou même ultérieurement, parce que je suppose que cela ne se fait pas !

Nous serions pourtant d'autant plus autorisés à être critiques et sérieux avec le peuple grec que nous aurions pris quelques mesures de rétorsion contre les spéculateurs, à tout le moins les plus avérés. Je pense en particulier à l'un d'entre eux, qui fait parler de lui par ailleurs et s'est montré très bon conseiller dans l'affaire.

Telles sont mes inquiétudes et mes interrogations. Et j'en conclus sur ce sujet comme M. Bouvard, ce qui ne l'étonnera pas : il serait urgent de faire quelque chose de sérieux. La moitié des transactions financières continuent d'avoir lieu dans les paradis fiscaux, sur lesquels on nous a fait plancher pendant plus d'un an et demi et pour lesquels il ne se passe quasiment rien, si ce n'est qu'ils ont signé entre eux de très belles conventions, dont nous jugerons ultérieurement de l'application. Tout cela n'est pas très sérieux.

J'espère que le groupe dont nous a parlé M. Bouvard, placé sous la houlette du puissant M. Van Rompuy, se mettra très rapidement au travail et que vous en sortirez quelque chose tout aussi rapidement. Autrement, nous verrons repasser certains cours boursiers dans le rouge, de quoi, en quelque sorte, vous redonner la dynamique qui semble vous faire tant défaut lorsque le feu ne brûle pas la maison.

Un dernier point. On vote 6 milliards pour cette année. Vous avez inscrit, monsieur le ministre du budget, 3,9 milliards en crédits de paiement. Ça n'est pas sérieux ! Pour les incendies de forêt, il m'arrive toutes les semaines d'envoyer au feu des camions-citernes ; quand la citerne fait mille mètres cubes, je ne dis pas aux pompiers qu'ils n'en utiliseront que 500. Si vous voulez décourager les spéculateurs, laissez-leur croire que le mur est solide et haut ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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