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Intervention de Victor Hadida

Réunion du 28 avril 2010 à 10h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Victor Hadida, président de la Fédération nationale des distributeurs de films, FNDF :

Cette réunion nous donne l'occasion de souligner l'enjeu que représente notre secteur pour le rayonnement culturel français. Permettez-moi tout d'abord rappeler ce qu'est un distributeur, dont on se représente souvent mal la tâche.

Le travail du distributeur ne se cantonne pas aux 100 films qui recueillent chaque année plus de 500 000 entrées ; il porte sur l'ensemble des 650 films présentés en moyenne tous les ans. Le lancement d'un film étant extrêmement coûteux, le distributeur élabore une politique éditoriale destinée à répartir les risques entre les films commerciaux et les films d'art et d'essai qu'il estime avoir l'obligation de défendre – car nous avons, nous aussi, nos coups de coeur, et il nous semble important de présenter ce type d'oeuvres au public. La diversité des oeuvres nous paraît essentielle.

La fédération que je représente est constituée d'environ 75 entreprises, allant de la très petite à la filiale d'une multinationale américaine. Elle représente 80 % des entrées en France, 75 % si on considère les seuls films français. Nous sommes donc représentatifs de la totalité des entreprises, mais aussi de toute la diversité des films projetés sur le territoire national. Nous sommes très attachés à cette diversité et vous demandons de continuer à oeuvrer à la défendre. Notre pays est le quatrième au monde en nombre de salles, il est l'un des tout premiers en termes de diversité des oeuvres projetées. Le Festival de Cannes témoigne de la contribution du cinéma au rayonnement culturel de la France : nous devons préserver tout cela.

J'en viens à la proposition de loi de M. Herbillon. Nous prenons acte de la volonté des pouvoirs publics de réguler la transition que doivent effectuer les salles vers le numérique. Il nous semble en effet important de préserver l'équilibre entre les différentes salles, et entre les différentes entreprises qui défendent les films ainsi que leur exposition auprès du public. Mais nous devons attirer votre attention sur le fait que la numérisation ne pose pas seulement un problème de financement : il faut aussi se préoccuper des conséquences que cette technologie peut avoir sur la diversité des films et sur la manière dont les oeuvres pourront vivre et rencontrer le public. La diffusion dans les salles doit, elle aussi, se caractériser par la diversité ; lors de nos discussions avec le CNC, nous avons évoqué les engagements de programmation qui pourraient être pris pour éviter les dérapages.

Nous souhaiterions également que les distributeurs soient aidés à proposer des films numérisés, afin que les oeuvres du patrimoine, mais aussi celles qui ne peuvent pas bénéficier d'un grand nombre de copies, puissent avoir l'exposition qu'elles méritent. L'objectif étant d'équiper les salles à bref délai, il est important de faire en sorte que ces oeuvres puissent être vues par le public.

Tels sont les deux points qui nous semblent devoir constituer la contrepartie de la contribution des distributeurs au financement de la numérisation des salles. Nous espérons qu'ils feront bientôt l'objet d'une concertation.

Les distributeurs, qui voient leurs coûts augmenter de manière exponentielle, sont dans une situation qui a des points communs avec celle des exploitants. Le secteur comprend des très petites, des petites, des moyennes, voire des grandes entreprises de distribution, qui sont confrontées à des problématiques différentes. Des garanties doivent être apportées quant à la répartition équitable des contributions demandées aux distributeurs pour l'équipement des salles en numérique. Il faut, de plus, que ces contributions soient bornées dans le temps. Ce qui va être le plus coûteux pour la filière cinématographique, c'est la conservation de possibilités de diffusion en argentique 35 mm en même temps que la promotion de la diffusion en numérique ; nous souhaitons donc que cette période de transition soit la plus courte possible. Cela permettrait tant aux entreprises de distribution qu'aux entreprises d'exploitation de participer à un cercle vertueux : des investissements continueraient à se faire, mais plutôt que de porter sur une technologie désormais bien installée, ils concerneraient le quotidien des exploitants – l'accueil du public dans les salles – et des distributeurs – la promotion des oeuvres.

Pour nous, la contribution demandée aux distributeurs doit être limitée à la transition numérique des salles de cinéma actuelles, dont il faut conserver le maillage. Elle est liée à l'économie que représente pour le distributeur l'utilisation d'un fichier numérique au lieu d'une copie 35 mm, mais elle doit donc être bien bornée, afin que cette économie bénéficie également à la rentabilité et au dynamisme du secteur de la distribution.

Par ailleurs, l'équité veut que, si les distributeurs contribuent à cette transition technologique, l'entrepreneur lui-même assume sa part de responsabilité : la contribution des exploitants sera une indication forte de leur propre implication. Mais nous aurons sans doute d'autres occasions de discuter de ces modalités pratiques, qui sont importantes car elles conditionnent la pleine adhésion de toutes les branches de la filière cinématographique.

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