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Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Réunion du 22 novembre 2007 à 15h00
Stabilité des institutions et transparence de la vie politique en polynésie française — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

Je m'attendais à ce que la majorité actuelle ne change rien. Je vous donne acte de cette volonté de réforme, et je ne boude pas mon plaisir. La République gagnera à ce que la Polynésie retrouve son rang de collectivité territoriale, avec la possibilité de transmettre ses actes pour contrôle administratif. Et si d'aucuns se plaignent d'ingérence, d'atteinte à l'autonomie, qu'ils en tirent les conséquences : les masques doivent tomber !

Avec la municipalisation de la Polynésie, c'est un grand pas que vous vous apprêtez à faire. M. Flosse obtenait du pouvoir de Paris au titre de l'autonomie, mais, vous l'avez rappelé, la Polynésie c'est grand comme l'Europe. Que faisait-il de ce pouvoir ? Le décentralisait-il ? Permettait-il aux maires de Papeete, des Marquises ou de Rangiroa de développer leur commune ? Certainement pas ! Pas une seule fois le pouvoir polynésien en place n'a souhaité en quoi que ce soit renforcer le rôle des maires, qui sont les plus proches de la population, mais qui n'ont même pas d'administration. Lorsque nous l'avons auditionné, c'est une telle réforme qu'attendait M. Tong Sang, alors maire de Bora-Bora et président des maires de Polynésie française. Peut-être ne dénonçait-il pas le système comme il le fait aujourd'hui, mais c'est tout à son honneur de vouloir rompre avec, d'avoir le courage politique de dire que, plutôt que de vivre confortablement installé dans cette situation politique, il va se battre pour son territoire, pour ce que l'on appelle en Polynésie le Fenua. Ce sera la plus grande progression que l'on pourra faire accomplir à la Polynésie.

Qu'a fait le pouvoir central, qu'il s'agisse de M. Temaru ou de M. Flosse, de l'argent de la République ? Il a toujours distribué des prébendes et fait du clientélisme. En redonnant du pouvoir aux maires, vous allez permettre à la Polynésie française de se développer. Je vais vous faire part d'une anecdote qui m'a frappée. Lorsque les députés de la commission des lois se sont rendus aux Marquises, à Hiva-Oa, le maire du village où sont enterrés Paul Gauguin et Jacques Brel leur a expliqué qu'en raison d'un désaccord avec le pouvoir central qui durait depuis plus de sept ans, il ne pouvait pas construire de musée ! Il est invraisemblable d'avoir tenu des élus de la République dans une telle dépendance ! Vous allez les libérer et, ce faisant, vous allez libérer les citoyens de la Polynésie française. C'est pour moi une avancée majeure.

Quant au contrôle et à la transparence de la vie publique, il serait temps de les favoriser, après tout ce que l'on a entendu ou lu dans les rapports des chambres régionales des comptes. Nous proposerons d'autres avancées aujourd'hui ou dans le prochain projet de loi, mais je trouve que c'est significatif.

Si vous n'aviez pas annoncé de nouvelles élections, le débat ne serait pas si virulent. Mais M. Flosse et M. Temaru, les adversaires de toujours, ont préféré se réconcilier pour empêcher qu'une autre voie s'ouvre, et ils l'ont fait au risque du ridicule.

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