Alors que votre majorité avait adopté un certain nombre d'amendements qui visaient à améliorer, au moins à la marge, votre projet initial, la ministre s'est obstinée à « faire sauter » ces dispositions, un tant soit peu utiles, en imposant une seconde délibération. Avec cette arme antiparlementaire par excellence, toujours pas mieux encadrée par la réforme constitutionnelle dont vous prétendiez pourtant qu'elle allait « revaloriser le rôle du Parlement », vous avez réussi à revenir sur l'interdiction du démarchage à domicile, cette pratique commerciale extrêmement pénible, voire agressive, qui confine au harcèlement des plus faibles en particulier. De même, vous êtes revenus sur ce qu'on appelle la « double signature », à savoir le fait de demander la signature des deux conjoints lors de la contraction d'un crédit afin d'éviter que l'un des conjoints se retrouve à son insu avec une dette énorme sur le dos. Laquelle ou lequel d'entre nous n'y a pas été confronté dans sa permanence ?
Pourquoi ne pas avoir accepté ces améliorations pourtant modestes et souhaitées par votre propre majorité ? Pourquoi ne pas avoir présenté un texte qui réponde réellement au fléau du surendettement ? Ce fléau qui touche plus 800 000 foyers et dont l'origine est à chercher dans le concours d'un accident de la vie indépendant de la volonté des victimes, de la faiblesse générale des salaires et d'un appétit indécent et insatiable des établissements de crédit, premiers bénéficiaires de la misère des familles qu'ils tondent.
Pourquoi ? Tout simplement parce que, contrairement à la plupart de nos concitoyens, vous vivez dans un monde totalement déconnecté de la réalité. Votre vision de l'économie est tellement déformée qu'elle ne prend en compte que les intérêts des grands groupes et des banques. Je vous rappelle que le coût des crédits renouvelables dépasse 50 % au bout de quelques années, alors que les banques, elles, s'approvisionnent en liquidités à un taux annuel d'environ 2 %. De l'argent toujours moins cher pour les uns, des taux d'usure extraordinairement élevés pour la majorité ; 2 milliards de bonus pour les traders en 2009 d'un côté, 2 millions de personnes surendettées de l'autre ; près de 8,5 milliards d'euros de bénéfices nets pour BNP Paribas et le Crédit agricole, principaux acteurs du crédit à la consommation, contre une hausse de 18 % du surendettement et plus de 600 000 emplois détruits depuis le début de la crise !