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Intervention de Jean-Pierre Escalettes

Réunion du 31 mars 2010 à 10h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Jean-Pierre Escalettes, président de la FFF :

Je constate que la parité est mieux établie au sein de votre Commission que dans le milieu du football, en dépit de tous nos efforts…

J'ai à mes côtés Fernand Duchaussoy, président de la Ligue de football amateur, car, vous le savez, notre maison repose sur deux piliers : le football amateur et le football professionnel. Si l'on parle beaucoup du second et, parfois, de ses dérives, il ne faut jamais oublier que le travail de fond est effectué par nos 18 000 clubs, qui regroupent plus de 2 200 000 licenciés, au sein de la centaine de districts qui représentent pratiquement tous les départements et des 22 ligues régionales métropolitaines, auxquels s'ajoutent les ligues d'outre-mer. Tous les dirigeants bénévoles se passionnent pour le football mais aussi pour bien plus que cela car ils sont comme nous convaincus que des responsabilités sociales et citoyennes y sont étroitement liées. Nous ne renions bien sûr pas pour autant le football professionnel, qui fait l'attractivité de notre sport et qui le tire vers le haut, mais qui lui cause aussi bien des misères en raison de dérives directement liées à l'argent qui y est véhiculé. Dans les moments très difficiles que peut vivre un président, je me raccroche toujours à ces fondamentaux et je n'oublie jamais qu'au-delà de l'écume de notre sport, qui intéresse à juste titre les médias, nous sommes là pour remettre l'église au milieu du village et que le football amateur est à la fois notre racine et le socle sur lequel nous essayons de bâtir notre maison.

Je suis également accompagné par Jean-Louis Valentin, qui est chargé de piloter les aspects administratifs de l'équipe de France et qui pourra vous apporter toutes les précisions utiles à ce propos, mais qui est aussi responsable des relations parlementaires et appelé à ce titre à faire rapport devant notre Conseil fédéral, qui est en quelque sorte le parlement du football, des débats sur des textes comme ceux sur les agents sportifs ou sur les paris en ligne. Il répond également aux questions des membres de ce conseil qui sont loin d'être, comme le prétend une certaine presse, des béni-oui-oui à la botte du président, mais bien des élus responsables, qui ont un passé dans le football et qui savent de quoi ils parlent.

Outre l'avenir proche de l'équipe de France, que vous avez évoqué, Madame la présidente, nous attachons une grande importance à la candidature de notre pays à l'Euro 2016, projet magnifique que nous portons à bout de bras en espérant que le 28 mai sera une grande date pour le football et pour le sport français, mais aussi pour la France car c'est bien un défi national que nous espérons remporter.

Nous avons avant tout placé notre mandat de quatre ans sous le signe de la responsabilité sociale, sur laquelle nous avons d'ailleurs insisté avant même que l'Union of European Football Associations (UEFA) et la Fédération internationale de football association (FIFA) ne le fassent. Nous savons que le travail qui est fait dans nos clubs est irremplaçable et les élus locaux nous disent d'ailleurs fréquemment combien ils ont besoin de nos clubs pour leurs villages ou pour leurs quartiers où, à défaut, peu de choses seraient faites. L'intégration et l'apprentissage de la citoyenneté au sein de nos clubs sont notre fierté, ce à quoi nous nous raccrochons en période de turbulences.

S'agissant de l'équipe de France, nous essayons de nous préparer du mieux possible à l'événement que sera la Coupe du monde. S'il y a aujourd'hui un désamour, je suis persuadé qu'il tient uniquement à l'absence de résultats. Notre premier problème est de comprendre pourquoi cette équipe, constituée de joueurs de qualité, qui sont présents dans les grands clubs européens, même s'ils y restent bien plus fréquemment sur le banc de touche que ne le faisaient leurs grands prédécesseurs, n'obtient pas davantage de succès. Aujourd'hui, environ la moitié des joueurs évolue à l'étranger et la moitié dans le championnat de France, ce qui montre les progrès de ce dernier. Cela nous est confirmé par le quart de finale de la Ligue des champions, de qualité européenne, qu'ont disputé hier Bordeaux et Lyon. Si l'équipe de France, comme nous le rêvons tous, se lance dans une série de bons résultats, l'opinion publique – dont nul ne sait mieux que vous à quel point elle est volatile – basculera aussitôt. On attend donc, selon ces formules toutes faites que les footballeurs aiment à servir en réponse aux questions des journalistes qui semblent faites pour cela, un « déclic », un « match référence » sur lequel on pourra « s'appuyer ». Nous avons cru souvent que ce déclic s'était produit : en Serbie, lorsque, après l'exclusion de notre gardien de but de qualité Hugo Lloris, nous avons fait une belle démonstration à l'extérieur, mais la suite n'a pas été brillante ; en Irlande, quand nous avons gagné 1 à 0, dans les circonstances locales, le match aller des barrages, mais cette rencontre fut suivie de la catastrophe du stade de France et nous avons encore du mal à expliquer la baisse de tension qui a conduit à cette qualification arrachée de façon peu glorieuse.

L'une de nos difficultés tient au fait que les joueurs ne sont pas à la disposition de l'équipe nationale et que l'on ne maîtrise pas l'état de forme dans lequel ils nous arrivent. Franck Ribéry a fait hier un bon match, je m'en félicite car on l'attendait depuis le début de la saison : il a été blessé, il est mal dans sa tête et il veut aller au Real Madrid, bref, ce sont des divas que l'on a quand même un peu de mal à gérer…

Quoi qu'il en soit, nous aurons au mois de mai 23 joueurs que choisira Raymond Domenech. À ce propos, quand je lis dans les médias que cette annonce a été repoussée du 2 au 11 mai, jour de la Sainte Estelle, cela me fait sourire dans la mesure où ces deux dates ont été fixées par Sepp Blatter, président de la FIFA : simplement, notre sélectionneur a préféré ne pas donner une liste de 30 joueurs mais passer directement à 23 afin de ne pas faire 7 malheureux.

Nous allons préparer l'équipe de la façon suivante. Les joueurs seront réunis assez longtemps, en commençant par un stage en altitude, à Tignes. Outre que cela nous rappelle de bons souvenirs puisqu'en 2006, après un tel stage, nous étions allés en finale, il est fort possible qu'en Afrique du Sud, après les trois matchs de poule, nous soyons également appelés à jouer en altitude. Qui plus est, un certain nombre de médecins considèrent que la préparation en altitude rend les joueurs plus compétitifs. D'autres sont toutefois d'un avis contraire et ce n'est pas un ancien professeur d'anglais qui tranchera…

Nous aurons ensuite trois matchs de préparation et nous sommes les seuls à avoir choisi d'aller vers l'Afrique du Sud par étapes : nous partirons de Lens où nous jouerons contre le Costa Rica, avant de passer par la Tunisie, où nous rencontrerons l'équipe nationale, puis la Réunion, pour un match contre la Chine, avant de gagner le 5 juin notre camp de base, à Georges entre Le Cap et Durban, où nous attendrons l'ouverture de la coupe du monde, le 11, puisque nous jouerons dès le premier jour contre l'Uruguay, au Cap. On sait que le premier match est souvent déterminant et, contrairement à ce que l'on a pu écrire, nos adversaires – Uruguay, Mexique et Afrique du Sud – ne sont pas des « cadeaux ».

Au sein de l'équipe, trois générations se mêlent : ceux pour qui cette compétition sera la dernière, ceux qui devraient être les piliers de cette équipe pour encore plusieurs saisons – la génération Toulalan et Ribéry –, ceux que l'on peut appeler les nouveaux, comme Benzema ou Gourcuff. Il n'est pas toujours facile de faire vivre ensemble des joueurs qui ont jusqu'à douze ans d'écart : Lilian Thuram disait un jour qu'il ne comprenait ni les conversations, ni les lectures, ni la musique de ses jeunes coéquipiers… Mais faire en sorte que les choses se passent au mieux est précisément le rôle de tous ceux qui entourent l'équipe, en particulier du sélectionneur et d'Alain Boghossian. Contrairement à ce que dit mon ami Jean-Louis Triaud, cet encadrement ne forme pas une armée mexicaine mais un environnement extrêmement professionnel, tel que Gérard Houiller n'en a pas connu dans les clubs où il a officié.

Enfin, je souhaite que vos questions me permettent de parler de l'Euro, que je juge au moins aussi important que la Coupe du monde.

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