J'ai remarqué, dans la défense des deux motions de procédure, l'expression d'un doute constructif, ce qui me paraît tout à fait important. J'espère que, tout au long du débat, je pourrai apporter certaines des réponses demandées, et que nous pourrons, en commun, construire les autres.
Monsieur Sirugue, puis Mme Touraine, vous vous êtes, comme moi, gardé d'avoir un discours manichéen. Je vais revenir sur plusieurs points.
Premier point : s'agit-il de faire table rase du passé pour construire du nouveau ? La réponse est non. Je me suis attaché à rappeler comment différentes étapes avaient été franchies. La meilleure preuve que nous ne faisons pas table rase, c'est que nous avons construit le dispositif que je viens vous soumettre à partir de l'expérience des conseils généraux, qui ont des responsabilités en matière d'insertion et de RMI. Il n'est donc pas du tout question de dire qu'il n'y avait pas d'avant et qu'il y aura un après. Il s'agit de montrer qu'il y a un moment où les changements pratiqués sont plus profonds que les changements intermédiaires qui les ont précédés.
En 1998, on a franchi une demi-étape, avec un dispositif d'intéressement et des mécanismes de cumul qui s'arrêtaient au bout de trois mois à un an. Déjà, à l'époque, certains acteurs – je pense à Jean-Michel Belorgey, à Marie-Thérèse Joint-Lambert – disaient qu'il faudra aller à l'étape suivante. Nous y sommes : elle réconcilie la prime pour l'emploi, les mécanismes d'intéressement et les minima sociaux. C'est donc une étape plus importante que les autres.
En outre, vous avez tous deux insisté sur le cas de celles et ceux qui auraient plus de difficultés que les autres pour retourner dans l'emploi. Je ne fais de procès à personne, et je ne pense que c'est ce que vous avez voulu dire, mais vous ne pouvez me suspecter de distinguer entre bons pauvres et mauvais pauvres.