En effet, je ne voudrais pas que nous abordions, en septembre, le débat sur les retraites comme nous avons abordé la réforme hospitalière. Vous vous en souvenez, la question des CHU était examinée par une commission ad hoc et seule une petite partie du texte, qui traitait surtout de l'hôpital, était consacrée à la santé publique, de sorte que nous avons eu l'impression d'avoir un débat en « kit ». Nous n'avons pas pu aborder la totalité du problème, ce qui est pourtant essentiel si nous voulons que chacun prenne ses responsabilités, comme ce devra être le cas pour les retraites.
La question de la pénibilité, qui sera au coeur des discussions organisées dans toutes les branches, est ici niée, alors que le métier d'infirmière est emblématique à cet égard. Au début de la discussion, Mme Bachelot a affirmé que la pénibilité de ce métier diminuait, au motif que l'espérance de vie des infirmières était en train de rejoindre celle des autres femmes. Mais il faut bien être conscient que la pénibilité d'un métier ne se traduit pas de manière directe, fidèle, dans l'espérance de vie de ceux qui l'exerce ; il faut prendre en compte l'ensemble des conditions de vie. Si l'on ne retient que les métiers dont la pénibilité a un impact sur l'espérance de vie, nous régresserons.
La pénibilité est d'abord à considérer sous l'angle de la prévention, car sa reconnaissance doit viser avant tout à la réduire. Or, en ce qui concerne le métier d'infirmière, je le répète, la pénibilité va croissant au cours des années. La tension est en effet de plus en plus importante, en raison à la fois du nombre de malades pris en charge et de la gravité des actes. Le poids des responsabilités et l'inquiétude ne sont pas les mêmes selon qu'on donne de l'eau à boire à un malade ou qu'on lui administre une chimiothérapie ou une immunothérapie. De même, les dispositifs médicaux sont de plus en plus efficaces et performants, mais aussi de plus en plus difficiles à manier.
Pour toutes ces raisons, la pénibilité du métier d'infirmière augmente. Nous devons donc en tenir compte du point de vue du temps de travail hebdomadaire et de la durée des carrières. Mais – et j'espère que ce point vous convaincra de notre sens des responsabilités –,…