…qui vient de remettre en cause sans concertation, par un décret du 31 décembre 2009, le régime de sécurité sociale des mines, en supprimant une partie de la gratuité des soins des retraités mineurs, acquis social obtenu en 1946, en contrepartie de la forte pénibilité de leur métier.
La reconnaissance de la pénibilité au travail, madame la ministre, ne se limite pas à accorder des avantages spéciaux aux salariés exposés à des conditions de travail pénibles – et condamnés à une retraite moins longue en raison d'une espérance de vie plus faible –, c'est aussi accorder des avantages aux salariés qui prennent leur retraite dans un état de santé plus dégradé. Or la pénibilité du travail infirmier est réelle, et de plusieurs natures : physique, psychique et mentale.
La pénibilité physique, par exemple, tient à l'intensification et à l'augmentation de la charge de travail dues au manque d'effectifs, aux horaires perturbant la vie personnelle – travail de nuit ou le dimanche, travail posté, en horaires alternés, en grande équipe, repos décalés ou supprimés –, au port de charges lourdes, à la manipulation des patients, ou encore à l'exposition aux produits toxiques – ceux utilisés en chimiothérapie, par exemple.
Quant aux risques psychosociaux, thème que nous étudions actuellement avec Jean-Frédéric Poisson et d'autres collègues dans le cadre d'une mission d'information parlementaire, ils ont augmenté au cours des dernières années avec, par exemple, la peur des agressions, particulièrement aux urgences, l'explosion du nombre de violences constatées à l'hôpital – 3 500 faits signalés en 2008 selon l'Observatoire national des violences hospitalières, et ce chiffre augmente depuis deux ou trois ans. Et surtout, dans de nombreux services où travaillent des infirmières, il existe un sentiment de solitude, une véritable insatisfaction par rapport à la prescription, et une perte du sens et du travail collectif.
Bref, madame la ministre, la pénibilité au travail est bel et bien une réalité quotidienne de la profession d'infirmière. Je veux à cet égard vous lire le témoignage qu'une infirmière, qui travaille dans un service de médecine adulte au pavillon 5 de l'hôpital Bellevue à Saint-Étienne, m'a fait parvenir en juin 2008 :
« Depuis deux mois, une de mes collègues infirmières a démissionné et n'est pas remplacée, une autre est en arrêt de travail qui risque d'être prolongé, et n'est pas non plus remplacée. Nous ne sommes donc plus que six infirmiers au lieu de huit à assurer un roulement sur quatre semaines, jours de semaine, week-ends et jours fériés compris. Alors nous effectuons un, puis deux, puis trois week-ends supplémentaires (nous en travaillons déjà deux sur quatre habituellement), et ainsi de suite pour que le service tourne, avec des jours de repos qui sautent et des alternances de rythme incessantes. Si bien qu'il devient impossible de prévoir quoi que ce soit en dehors de la vie au CHU. Je dors très mal, et pour être honnête, je pense au boulot constamment. J'ai peur que le stress me fasse oublier un soin, que la pression m'empêche de prendre le temps avec un patient déprimé, que la fatigue me fasse faire un mauvais calcul de dose, administrer un produit au mauvais patient… »