Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Pierre Cohen

Réunion du 24 juillet 2007 à 15h00
Libertés et responsabilités des universités — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Cohen :

Madame la ministre, nous avons fait valoir hier, au cours de la discussion générale, de nombreux arguments démontrant que le texte était insuffisant, très partiel et qu'il ne s'attaquait qu'à un point particulier de ce qui devrait être une vaste réforme de l'enseignement supérieur. La discussion sur l'article 1er me donne l'occasion de montrer que le projet ne permet pas de remplir les missions du service public de l'enseignement supérieur, quand bien même elles se trouvent enrichies d'un certain nombre d'éléments.

En effet, si l'on examine lesdites missions les unes après les autres, on se rend compte que « la formation initiale et continue » aurait mérité un vrai projet de loi, qui aurait permis l'accès de tous à l'enseignement supérieur, puisque la notion de service public implique ici que l'État s'engage à faire en sorte que toutes les universités soient accessibles à tous. Il ne faut toutefois pas tomber dans le piège que l'on nous tend, qui voudrait faire croire que nous entendons que n'importe quel bachelier devrait pouvoir aller où il veut, comme il veut. Non, il est de la responsabilité des universités, grâce à un système de formation appropriée, d'offrir un véritable cursus aux étudiants en fonction de leur profil et de leurs capacités.

Or l'enseignement supérieur est différencié en cycles d'études courts – IUT, BTS – et parcours longs, ce qui en dévoie le fonctionnement. Il est facile à un bon étudiant de s'inscrire en IUT pour ensuite parvenir au doctorat. Beaucoup plus difficile sera la situation d'un étudiant un peu moins capable, un peu moins de compétent, qui se retrouvera plongé dans un cursus long, d'autant plus inapproprié que les deux ou trois premières années, en particulier, mériteraient un bien meilleur encadrement. Vous ne serez donc pas, avec un tel projet, au rendez-vous de la première mission relative à la « formation initiale et continue ».

Je passe sur la deuxième mission, « la recherche scientifique et technologique, la diffusion et la valorisation de ses résultats », puisque nous aurons l'occasion d'en débattre à plusieurs reprises. En effet – heureusement et malheureusement –, la recherche donne souvent l'impression d'être l'image des universités alors qu'on oublie trop qu'une des missions essentielles du service public de l'enseignement supérieur reste la formation initiale et la formation continue.

Lorsque l'on considère les autres missions, madame la ministre, on s'aperçoit que l'on se trouve au coeur des difficultés des universités et que vous n'y répondez pas. Par exemple, en ce qui concerne « l'orientation et l'insertion professionnelle », troisième mission, les universitaires ont consenti énormément d'efforts, depuis une bonne quinzaine d'années, pour proposer et créer des parcours professionnalisants. Or, comme vous avez reçu un mandat du président de la République pour réaliser une réforme et que vous ne disposez pas des moyens de réaliser cette promesse électorale, vous n'êtes pas capable de nous dire aujourd'hui si, dans le cadre des négociations que vous menez avec les universités, vous pourrez leur donner les moyens de mettre réellement en oeuvre ces parcours professionnalisants et une véritable orientation.

Je n'insiste pas sur un point qui, malheureusement, reste toujours dans l'ombre. La société du XXIe siècle a besoin de citoyens éclairés sur les choix scientifiques et technologiques. Nombre de débats politiques sont orientés par les découvertes scientifiques et technologiques. Or, la diffusion de l'information scientifique et technique reste dispersée. Les seuls aujourd'hui qui soient en mesure de diffuser une telle culture – et sans moyens –, sont les associations, alors que ni l'État ni les régions ni les autres collectivités ne disposent de réels moyens pour établir sur ce point des partenariats avec les universités.

Je ne m'étendrai pas davantage sur les deux dernières missions, l'une relative à « la participation à la construction de l'Espace européen de l'enseignement supérieur et de la recherche », l'autre concernant « la coopération internationale ». Ici aussi, vous vous payez de mots. Les sénateurs, si je ne m'abuse, ont en effet estimé qu'il fallait ajouter ces missions puisqu'il paraît impossible d'envisager l'avenir de nos universités sans évoquer leur dimension européenne et internationale. Or, ici encore, aucun moyen, aucune volonté précise ne figurent dans ce projet pour que ces missions soient mises en oeuvre.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion