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Intervention de Roland Muzeau

Réunion du 8 avril 2010 à 15h00
Réforme du crédit à la consommation — Avant l'article 2, amendement 237

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRoland Muzeau :

Cet amendement, comme vous l'aurez compris, mes chers collègues, a un objectif clair et radical : l'interdiction pure et simple de la publicité pour le crédit à la consommation.

Bien que le projet de loi dont nous discutons aujourd'hui s'intitule sobrement Réforme du crédit à la consommation, c'est bien d'un fléau qu'il est question : le surendettement. Or, dans la chaîne des événements qui mènent au surendettement, le premier maillon est toujours le même : une publicité.

Vous la voyez à la télévision, vous l'entendez à la radio, ou elle arrive inopinément sur votre écran d'ordinateur pendant que vous surfez sur internet. Elle vous délivre un message très séduisant : vous pouvez consommer même si vous n'en avez pas les moyens, car une offre de crédit vous permettra de combler le manque de revenu.

Il n'y aurait rien de choquant à cela si la démarche publicitaire ne s'était pas muée en une vaste entreprise d'intoxication. Une expérience très simple appuie mes propos. Tapez les mots « crédit à la consommation » dans le moteur de recherche Google. Sur la première page de résultats, apparaissent dix réponses commerciales, c'est-à-dire des publicités émanant d'établissements de crédit. Sur ces dix réponses, cinq promettent une réponse rapide ou immédiate, transformant ainsi l'examen de la solvabilité en une formalité on ne peut plus anodine. Les cinq autres réponses, jouent, elles, sur le registre du plaisir et de la réalisation d'envies personnelles, comme si le fait de s'engager dans un crédit était un acte libérateur et indolore, alors qu'il engage et qu'il est facteur de risques.

Ces publicités trouvées sur internet sont à l'unisson de celles que l'on peut trouver sur d'autres supports. Elles contribuent à transformer négativement la perception du consommateur. En effet, le crédit n'est plus un projet mûrement réfléchi, mais devient une solution banale et à court terme.

Il est consternant de constater à quel point les professionnels du crédit sont obligés de mentir sur la réalité de leur métier pour continuer a réaliser des profits considérables. N'ayant malheureusement aucune confiance dans leur capacité à respecter une législation davantage contraignante, je demande donc l'interdiction pure et simple de la publicité sur le crédit.

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