Je suis d'accord avec vous, monsieur Néri. Quoi qu'il ait été dit tout à l'heure, quand on est plongé dans les difficultés, elles ne se comptent pas en années : c'est chaque jour qui est un calvaire pour les familles plongées dans la misère.
Le crédit revolving se présente comme une réserve d'argent permanente qui se renouvelle à mesure des remboursements. Cela fonctionne à peu près comme les autorisations de découvert, sauf que l'argent « disponible » peut atteindre des montants bien plus élevés. Ces crédits ne correspondent donc à aucune dépense précise et sont à tout moment « disponibles », comme le dit la publicité. Les taux d'intérêt associés à ces crédits sont beaucoup plus élevés que ceux d'un prêt personnel ou d'un crédit affecté : ils peuvent dépasser 21 % ! Je le dis, non pas pour vous, sur ces bancs, de gauche comme de droite, qui êtes bien informés, mais pour les personnes qui suivent nos débats : oui, le Gouvernement permet que les banquiers encaissent un intérêt dépassant les 20 %, alors que le taux servi à la Caisse d'épargne n'est que légèrement supérieur à 1 %. Voilà comment on traite les uns et les autres ! Faire de la politique, c'est faire de la pédagogie. Puisqu'on ne peut évidemment pas compter sur vous pour expliquer vos turpitudes, il faut bien que nous le fassions ! Grâce à Internet, de nombreuses personnes suivent nos débats, et il est très important que nous donnions à nos concitoyens les moyens de comprendre, en utilisant un vocabulaire autre que celui de la langue de bois lénifiante dans laquelle vous excellez !
Concrètement, au bout d'un an – dans le meilleur des cas, autant dire jamais –, un crédit de 1 000 euros coûtera donc en réalité plus de 1 200 euros, sans compter les frais de dossier, d'assurance et de résiliation. Ces crédits sont le plus souvent associés à de fausses « cartes de fidélité », ces cartes des grandes surfaces et des grands magasins qui promettent de nombreux avantages sur les tarifs, les quantités, les exclusivités ou je ne sais quels autres « cadeaux » à gagner. Il est, bien sûr, toujours tentant de bénéficier de quelques avantages supplémentaires quand on fait ses achats, surtout quand les fins de mois arrivent tôt dans le mois. Bien entendu, ces propositions qui paraissent totalement désintéressées veulent en réalité inciter les clients à contracter des crédits renouvelables.
Ainsi, comme les cartes de fidélité des grandes enseignes sont souvent des cartes de crédit associées aux crédits revolving, de nombreux clients en souscrivent sans en être réellement conscients. Cela explique, par ailleurs, pourquoi les ménages surendettés ont contracté treize crédits différents en moyenne. Très fréquemment, ces clients pensent profiter des « cartes de fidélité » en choisissant de régler par paiement différé, puis ils oublient, ou ils ne peuvent pas envoyer un chèque à réception du relevé mensuel de compte : ils déclenchent ainsi, sans l'avoir souhaité, le mécanisme infernal de crédit. Ou bien encore, traversant une passe particulièrement difficile, les clients se rabattent sur ce crédit déjà ouvert – à un taux oscillant le plus souvent autour de 20 % – alors qu'ils pourraient bénéficier de conditions plus avantageuses en négociant un prêt personnel auprès de leur banque.