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Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 24 mars 2010 à 15h00
Réforme du crédit à la consommation — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

« Il est dangereux de tomber dans l'eau. Marchez sur les berges » : voilà le type de règles qu'il fixe ! Celles que je vous propose viseraient plutôt à interdire de pousser dans l'eau les gens en état de fragilité pour qu'ils se noient. Ce n'est pas la même chose.

Madame la ministre, puisque, je le sens, notre débat vous inspire, permettez-moi de livrer à votre réflexion cette phrase de Victor Hugo qui, s'il avait été là, vous l'aurait certainement adressée directement, tant elle s'applique bien à vous : « Vous voulez les misérables secourus. Moi, je veux la misère supprimée. » (« Oh ! » sur les bancs du groupe SRC.) Je comprends que ce soit pour vous un défi inaccessible, que cela relève du rêve. Mais, pour nous, c'est un objectif, car, précisément, la réalité, nous la touchons du doigt et nous mesurons chaque jour les ravages de votre politique dans ce qu'elle provoque de souffrance et de désespérance.

En écoutant les rapporteurs, j'ai été très frappé par le caractère désincarné de leurs propos. Où sont les personnes ? Où sont les coupables ? Aucun d'entre eux n'a dit que, derrière tous ces organismes prêteurs, il y a de grands groupes bancaires qui s'en mettent plein les poches et qui, malgré la crise, ont refait leurs marges. Pourquoi, par exemple, ne faites-vous rien contre les frais bancaires ? Leurs montants sont les plus élevés de toute l'Union européenne : cent quarante-cinq euros par client en France, contre quarante-sept euros aux Pays-Bas ! C'est ainsi que les banquiers, aidés par la puissance publique, se sont refait une santé insolente et ont distribué des bonus inacceptables pendant que des millions de Français tirent le diable par la queue.

De cela, il n'a pas été question dans les interventions de nos rapporteurs. Nous avons entendu parler de consommateurs. Mais qu'est-ce qu'un consommateur ? Un ectoplasme ? Qu'y a-t-il de commun entre le consommateur du 16e et celui de Clichy-sous-Bois ou de Stains ? Je ne parle pas des habitants du 16e qui vivent dans des chambres de bonne auxquelles ils accèdent par l'escalier de service…

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