Madame la ministre, vous êtes femme trop avisée pour être sensible aux louanges que mes collègues de la majorité vous adressent comme on égrène un chapelet. (Sourires.) Ces louanges n'ont, en fait, guère de contenu.
J'ai écouté vos propos et ceux des différents rapporteurs avec beaucoup d'intérêt. En vous entendant, je pensais à Galilée. Il a découvert que c'est la terre qui tourne autour du soleil, et non l'inverse ; mais vous, grâce à ce texte, vous découvrez la lune ! (Sourires.) Madame la ministre, je crois avoir relevé vos propos au mot près : « C'est un projet de loi qui nous plonge au coeur de la vie quotidienne des Français. Nous avions besoin de comprendre. »
Eh bien, madame la ministre, je vous fais une proposition : vendredi prochain, venez dans ma permanence, à Montreuil ; vous y toucherez la réalité du doigt. Il n'est pas besoin de distraire le temps précieux d'une haute magistrate de la Cour de cassation ou de l'Inspection générale des finances pour voir ce qui est sous son nez. Certes, cela dépend de l'endroit où l'on habite. À Montreuil – mais c'est également vrai dans d'autres territoires –, on voit les choses de plus près qu'avenue Mozart, rue Henri-Martin ou sur les rives des grands lacs américains, même si, downtown, à Chicago, certaines situations sont encore pires que chez nous. Car, au pays de l'oncle Sam, dont vous rêvez comme modèle, il n'y a pas de filet social.
Mais enfin, notre débat aura au moins été utile à une chose, puisqu'il vous a permis de faire une découverte.
Mes chers collègues, j'attire votre attention sur les propos qu'ont tenus les rapporteurs. Quand François Loos déclare : « Il faut inciter les banquiers… », tout est dit. Faut-il rappeler, avec Lacordaire, qu'entre le riche et le pauvre, c'est la loi qui affranchit et la liberté qui opprime. Face aux usuriers, des règles sont évidemment nécessaires. Mais vous n'en voulez pas, car, en fin de compte, votre texte est imprégné d'une philosophie…