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Intervention de Dominique Bussereau

Réunion du 24 février 2010 à 15h00
Débat sur le développement des transports ferroviaires publics

Dominique Bussereau, secrétaire d'état chargé des transports :

Madame la présidente, mesdames et messieurs les députés, je commence par remercier ceux qui ont permis l'organisation de ce débat sur le développement des transports ferroviaires publics : ce mode de transport est en effet l'un des axes majeurs de la politique du Gouvernement en matière de développement durable. Vous m'avez souvent entendu citer cette phrase de Louis Armand : « S'il survit au XXe siècle, le chemin de fer sera le mode de transport du XXIe siècle. »

Ce n'était pas gagné d'avance ! Je me souviens d'avoir, enfant, dans les années soixante, visité une exposition organisée par la DATAR, qui montrait la France parcourue par un réseau de monorails. Dans les années soixante-dix, la même DATAR avait organisé une autre exposition, consacrée à la France parcourue par l'aérotrain. Chacun se souvient de la définition de l'aérotrain donnée par M. Elgozy : « invention française de génie qui permet de relier à 450 kilomètres à l'heure un champ de blé à un champ de betteraves, au nord d'Orléans ». (Sourires.)

L'aérotrain a disparu, même si une autre technologie l'a partiellement repris en Allemagne.

Aujourd'hui, on voit le succès technologique et commercial du TGV, mais aussi du fret ferroviaire et des TER. Pourquoi le chemin de fer sera-t-il le mode de transport incontournable du XXIe siècle ? Pourquoi des pays qui n'avaient quasiment pas de système ferroviaire – en Afrique, ou au Moyen-Orient, dans les Émirats arabes unis par exemple – sont-ils en train de construire un grand réseau ferroviaire ? Pourquoi les États-Unis et le Canada vont-ils construire des lignes à grande vitesse ? Pourquoi le Maroc construit-il en ce moment une ligne de TGV ? C'est sans doute à cause du défi climatique et énergétique, rappelé par M. Cochet.

À l'heure du réchauffement climatique et de la raréfaction des énergies fossiles, le ferroviaire est naturellement, par sa faible empreinte carbone, un moyen de transport d'avenir, et son développement s'inscrit dans les missions que vous avez votées dans le Grenelle de l'environnement.

Le chemin de fer a aussi besoin de grands espaces. Aux États-Unis, il y a trente ans, les compagnies de fret ferroviaire étaient quasiment en faillite ; aujourd'hui, avec le grand espace économique américain du Canada au Mexique, l'ALENA, les compagnies de fret ferroviaire font partie des entreprises américaines les plus profitables. En Europe, la construction d'un vaste espace – vingt-sept pays, de grandes distances – donne au transport ferroviaire toute sa pertinence ; nous réfléchissons d'ailleurs, avec nos amis allemands, à mettre en place des liaisons vers la Russie puis la Chine. Des expériences ont été faites.

Le TGV, depuis l'inauguration de sa première ligne en 1981, est devenu le moyen de transport européen par excellence : tout le monde a copié le modèle français. Le TGV est maintenant l'un des symboles de la construction européenne. Je me souviens qu'à La Rochelle, en 1992, le président Mitterrand et le chancelier Kohl avaient décidé de construire la ligne à grande vitesse Paris-Strasbourg. À l'époque, la SNCF aurait préféré que l'on privilégie la ligne Paris-Tours-Bordeaux, qui aurait été plus rapidement rentable. Mais cette décision était politique. Regardons aujourd'hui le maillage des capitales de l'Europe du Nord de Londres à Berlin, de Paris à Amsterdam, de Paris à Francfort et Stuttgart !

Quand il y a un événement terrible comme celui qu'ont connu nos amis belges la semaine dernière – et c'était un événement terrible non seulement pour la Belgique, mais pour nous tous –, on en voit les conséquences se propager à l'ensemble du système ferroviaire européen, notamment en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne.

Notre pays est un pays de transit : nous avons une responsabilité particulière – que nous rappellent très souvent nos amis espagnols, que nous rappelleront bientôt nos amis portugais, qui construisent un réseau de TGV et nos amis marocains qui veulent également relier leur système ferroviaire à l'Europe. Nous avons donc la responsabilité de relier, à travers la France, les pays méditerranéens au reste de l'Europe.

Le TGV Rhin-Rhône que vous avez cité, madame Branget, est particulièrement intéressant. C'est la première fois dans notre pays centralisé que l'on construit une ligne à grande vitesse qui ne part pas de Paris ; de plus, en tout cas sur sa deuxième partie, avec le contournement de l'agglomération lyonnaise, il pourra transporter du fret. Il reliera le nord et le sud – de l'Allemagne et de la région Rhône-Alpes à l'Italie à l'Espagne – et il reliera l'est et l'ouest, en améliorant la relation avec Zurich et la Suisse. C'est donc un projet pertinent.

Pour une région, aujourd'hui, renoncer au TGV, ce serait faire l'erreur qu'ont faite Tours, Orléans ou Amiens au XIXe siècle, en refusant le passage du chemin de fer ; ces villes en ont ensuite longuement souffert, et en souffrent d'ailleurs toujours aujourd'hui.

Chacun veut aujourd'hui un TGV…

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