Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, je suis heureux de participer à ce débat sur le développement des transports ferroviaires publics, lancé à l'initiative du groupe GDR. Il y a urgence : nous pouvons témoigner de la réalité de la politique catastrophique mise en oeuvre dans le fret ferroviaire.
La loi du Grenelle de l'environnement tablait sur une hausse de 25 % de la part modale du fret non routier et non aérien d'ici 2012. Mais un quotidien national a publié, le 29 janvier, le compte rendu d'un document interne à la SNCF. Celui-ci est édifiant : alors que la crise économique est mise en avant pour justifier le recul des volumes transportés, ce rapport démontre que le recul du fret n'est pas uniquement dû à la conjoncture, mais qu'il est largement voulu et organisé.
Ce document, baptisé « Démarche, flux, dessertes : un projet, une méthode, des résultats attendus et une équipe », décrit la stratégie que met en oeuvre la direction de Fret SNCF, ses cibles et ses critères d'abandon de trafics, sa méthode pour faire accepter ses choix par les chargeurs, ainsi que les « précautions oratoires » à prendre, afin de limiter l'impact médiatique des restructurations en cours.
La crise a bon dos en matière de fret ferroviaire. En 2009, Fret SNCF aura transporté 616 000 wagons de moins qu'en 2008, soit un recul d'un tiers. Parmi ces pertes, 361 000 sont liées à la crise, à la concurrence des opérateurs privés ou du transport routier. Mais Fret SNCF prévoit surtout d'abandonner 255 000 wagons dont le transport a été jugé non rentable financièrement ; c'est souvent la filiale de transport routier de la SNCF, GEODIS, qui reprend les activités logistiques ! Un comble, monsieur le ministre !
On peut sérieusement se poser la question du bien-fondé de la campagne publicitaire qui laissait entendre que le rail pourrait nous débarrasser des camions – on y croyait ! Il s'agissait en réalité de poudre aux yeux destinée à mieux faire passer les annonces du Gouvernement ! Bien entendu, la direction s'est empressée de minimiser les effets de sa politique. Le directeur de la branche « transport et logistique » a déclaré qu'il s'agissait « d'un document de travail qui date de novembre 2009, qui n'était absolument pas validé par lui ni par Mme Sylvie Charles, la nouvelle directrice de Fret SNCF ».
Le document en question est pourtant bien daté du 4 janvier 2010 ! En fait, c'est toujours la même méthode : il n'y a aucune transparence, on nous mène en bateau en permanence, que ce soit au niveau du Gouvernement ou au niveau de la direction de la SNCF. On nous dit que rien n'est finalisé, que rien n'est décidé, que tout va bien. La réalité est moins reluisante et bien loin des paroles lénifiantes : il s'agit de l'abandon des activités de trafic diffus, que l'on appelle aussi « wagons isolés ».
Il y avait eu la fermeture de 262 gares dédiées au fret de marchandises en 2007. Cette année, concrètement, nous allons assister à la fermeture de quasiment toutes les gares de triage de France ! Rien qu'en 2010, la SNCF devrait supprimer 3 600 postes, parmi lesquels pas moins de 1 400 pour le seul secteur du fret. J'ai expliqué hier la situation de la gare de triage de Somain, dans ma circonscription du Nord – vous connaissez bien le dossier, monsieur le ministre, puisque je vous ai interpellé à ce sujet à plusieurs reprises…