Nous sommes en effet sceptiques quant à l'efficacité de ce programme d'investissement. Nous partageons les doutes exprimés par M. Philippe Marini, rapporteur du texte au Sénat – décidément, la lumière nous vient du Sénat –, qui, il y a deux semaines, déclarait que « l'affirmation selon laquelle l'emprunt national augmenterait la croissance de 0,3 point par an pendant dix ans n'est pas crédible » et soulignait que « son impact sur la croissance potentielle sera peu significatif ». Nous en sommes également convaincus.
Les priorités du plan d'investissement sont loin d'être aussi prometteuses que vous tentez de nous le faire croire. Elles sont même loin d'être aussi novatrices que vous le prétendez. Des expériences de création de nouvelles activités ont été menées par le passé, dans les secteurs que l'on qualifiait déjà « d'avenir ». Elles ont conduit à des impasses et, surtout, n'ont pas permis d'enrayer les importantes pertes d'emplois industriels : moins 27 % depuis 1990. Leur seul effet a été de provoquer un transfert de la population active vers des emplois de moins en moins qualifiés et moins bien rémunérés.
Une fois de plus, votre stratégie d'investissement va conduire à privilégier les grands groupes au détriment des PME, qui sont la principale faiblesse, mais aussi le principal atout, de notre tissu industriel. De même, rien n'a été prévu en faveur du rail, qui représente pourtant un enjeu considérable, pour la réalisation d'infrastructures de transports nouvelles, le développement du fret et du transport multimodal, pas plus que sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre. Là aussi, je m'associe totalement aux propos du rapporteur général, qui déplore l'absence, dans ce projet de loi, des infrastructures ferroviaires.
Les orientations du grand emprunt ne tiennent aucun compte des principaux atouts de notre pays : son modèle social, la qualité de ses services publics, la qualité de ses infrastructures, son tissu de PME, le niveau de qualification de ses salariés, la qualité et l'indépendance de la recherche publique. Votre politique économique et budgétaire n'a eu et n'a encore qu'un seul leitmotiv : tenter de gagner la confiance des marchés et donc offrir notre pays en pâture aux grossiers appétits des rentiers. Nos concitoyens en paient aujourd'hui les lourdes conséquences. Sans doute les banques vous remercient-elles, mais pas les chômeurs en fin de droit, pas les travailleurs précaires, toujours plus nombreux, pas ceux de nos concitoyens qui voient se profiler le plan d'austérité qui les frappera durement et qui savent, comme nous, que seuls les plus nantis continueront de bénéficier de vos largesses. Dans ces circonstances, nous voterons bien évidemment contre votre projet de loi de finances rectificative. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC.)