Les derniers chiffres dont nous disposons sont ceux du coût complet du travail et non ceux qui prennent en compte la productivité. Bien que celle-ci soit supérieure en France, on constate depuis plusieurs années que le coût du travail progresse beaucoup moins vite en Allemagne que dans notre pays. Cette tendance, chez nos voisins, résulte d'un choix de politique économique tendant à favoriser l'activité d'exportation par rapport au soutien de la demande intérieure. Si la France a indéniablement perdu du terrain en termes de coût du travail et de compétitivité-coût de ses produits, la médaille a eu son revers pour l'Allemagne : ce pays étant plus exposé aux marchés d'exportation, en ce qui concerne notamment les biens d'équipement et l'industrie, il a connu une plus forte récession au cours de la dernière année. La demande intérieure n'y étant pas soutenue, l'économie dépend essentiellement de la demande extérieure, alors que le moteur de la croissance en France est plutôt la demande intérieure.
Quoi qu'il en soit, l'Allemagne a indéniablement fait le choix de se distinguer de ses concurrents européens en matière de coût du travail. Mais le consensus social existant à l'arrière-plan – les syndicats se sont engagés à ne pas demander de hausse des salaires en échange d'une augmentation du nombre d'heures travaillées – a fait l'objet d'interrogations, de même que la pertinence à long terme de ce choix pour l'économie allemande et pour les ménages, dont le niveau de vie a progressé moins vite qu'en France. Le problème, global, dépasse la seule question du coût du travail.