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Intervention de général d'armée Jean-Louis Georgelin

Réunion du 9 février 2010 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

général d'armée Jean-Louis Georgelin :

L'une des raisons pour lesquelles nous avons repris pleinement notre participation au sein de l'OTAN, c'est précisément que nous prenions part à toutes les opérations, sans toutefois faire partie des états-majors de conception. Sur le plan strictement pratique, sur le théâtre afghan, notre pleine participation n'a rien changé ; notre accès aux moyens était déjà complet. Sous l'angle des opérations, nous étions déjà pleinement dans l'OTAN.

Ce qui a changé, c'est le regard que nos partenaires portent sur nous. En participant aux opérations de combat, nous payons le prix du sang, ce qui n'est pas le cas de nombreuses nations européennes. Nous ne sommes plus suspectés de manoeuvres dilatoires par rapport aux décisions de l'OTAN.

En revanche, le fait de participer pleinement aux réflexions sur la mise en place du concept stratégique et la réorganisation des états-majors de l'OTAN est extrêmement positif. Nous ne subissons plus les décisions prises sans nous : nous participons aux débats et nous sommes très écoutés. Nous représenterons à terme 13 % des effectifs militaires du commandement suprême des forces alliées en Europe (SACEUR) – soit l'un des premiers effectifs de l'état-major. Le général Abrial est chargé, à la tête du commandement suprême allié de la Transformation, de faire des propositions de réflexion sur le concept stratégique. Nos alliés observent tout cela avec beaucoup d'intérêt. Sur le plan militaire, notre pleine participation est extrêmement bénéfique. C'est sans doute plus complexe sur le plan politique ou diplomatique.

J'ai discuté récemment avec l'amiral Stavridis, actuel SACEUR, et avec les Français membres de l'état-major de l'OTAN. Régulièrement, je réunis les principaux responsables français intégrés dans l'OTAN pour leur donner des instructions, vérifier qu'ils ont bien compris leur mission et qu'ils se comportent comme partie intégrante de l'OTAN.

Tout cela nous a placés d'emblée dans l'OTAN, aux côtés des Britanniques et naturellement des Américains, comme un interlocuteur majeur. Cela ne laisse pas de m'étonner, tout comme m'étonnent la performance et la compétence de nos officiers d'état-major. Mais comme je l'ai déjà dit : « Quand je suis à Paris je me désole, quand je vais à l'extérieur je me console ». En fait, le niveau d'instruction de nos armées est très supérieur à ce que l'on peut observer dans la plupart des pays européens.

J'en viens à votre question, monsieur Beaudouin, qui est très complexe. En 1997, alors que j'étais colonel, nous réfléchissions déjà sur le sujet. Avant tout, il faut admettre que, dans la phase initiale d'une opération, c'est le militaire qui est responsable. Les agents économiques et diplomatiques doivent accepter d'être placés sous son autorité – j'observe que cela suscite encore beaucoup de réticences. Il faudra bien à terme régler ce problème psychologique.

Plus que d'autres, dans notre pays, nous avons beaucoup de mal à trouver des agents civils – juges, douaniers, et tous métiers constitutifs du fonctionnement d'un État – pour remplir des missions extérieures, les effectifs de notre fonction publique étant naturellement taillés à l'aune des besoins français.

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