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Intervention de Bernard Bigot

Réunion du 9 février 2010 à 12h30
Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques

Bernard Bigot, Administrateur général du CEA :

a précisé que les énergies « alternatives » ne concernaient que les énergies non fossiles, au premier rang desquelles figurent l'énergie photovoltaïque, notamment en vue d'une production centralisée d'électricité, et la biomasse. Dans les deux cas, l'accent est mis sur le développement des techniques de stockage d'énergie. Pour la biomasse, ce stockage s'effectue en augmentant la quantité d'hydrogène dans les chaînes carbonées, à partir d'une production d'hydrogène par électrolyse de masse. Par ailleurs, le CEA participe directement, en liaison avec les constructeurs d'automobiles, au développement des batteries, avec un objectif de production de 100 000 unités en 2011, 250 000 en 2012. Au total, ces efforts devraient conduire à libérer la France de la contrainte d'importation d'énergies fossiles vers le milieu du siècle.

S'agissant des bruissements médiatiques autour d'une recomposition de la filière nucléaire, M. Bernard Bigot a constaté qu'ils ne mentionnaient jamais le CEA. En tout état de cause, celui-ci est appelé à demeurer dans son rôle fondamental d'éclairage des pouvoirs publics.

La constitution d'une filière nucléaire repose sur la mobilisation de trois acteurs : un maître d'ouvrage, un maître d'oeuvre, un ingénieur ensemblier. Durant la période de construction du parc nucléaire français, jusqu'en 1995, EDF a joué tous ces rôles à la fois, en s'occupant aussi bien du génie civil que du montage de l'îlot nucléaire (un ensemble de 40 000 pièces distinctes fournis par un millier d'entreprises). Au temps le plus fort de cette période, EDF a commandé jusqu'à 17 réacteurs à Framatone. Depuis, EDF s'est replié sur une fonction de maintenance du parc existant, et Areva s'est recentré sur la fourniture de services internationaux, la fonderie de Saint-Marcel devant notamment sa pérennité aux interventions sur les couvercles des cuves des réacteurs américains. La pratique de la conduite des chantiers s'est perdue, et c'est faute d'une réflexion préalable sur les différentes fonctions à mettre en oeuvre que des difficultés sont constatées sur les constructions des EPR.

En fait, on distingue quatre types de situations fonctionnelles pour l'implantation d'une centrale nucléaire : le cas où l'électricien est en mesure de piloter tout le chantier de manière intégrée ; le cas où il dispose d'une expérience dans la gestion des centrales nucléaires, mais doit faire appel à un ingénieur ensemblier ; le cas où l'électricien n'a pas d'expérience dans la gestion des centrales nucléaires, et doit faire appel à la fois à un ingénieur ensemblier et à une structure d'exploitation ; le cas où tout est à réaliser à partir d'une pure volonté politique.

Ce dernier cas correspond au marché perdu des Emirats arabes unis, où il s'agissait de fournir un service complet, et non pas seulement d'implanter un réacteur.

Il convient donc de reconstituer une capacité de réflexion collective pour orienter la démarche du secteur nucléaire français. C'est à l'Etat, actionnaire à divers degrés des différents acteurs concernés, qui englobent GDF Suez, que revient cette tâche de réorganisation. Elle a pour enjeu majeur de permettre à l'industrie nucléaire française de prendre sa part dans le marché du renouveau de l'énergie nucléaire, à savoir la construction de 400 à 450 réacteurs d'ici 2030, dont la moitié au titre du renouvellement des centrales, et 30% à 50% de la moitié d'implantations nouvelles dans des pays dépourvus de toute compétence dans le domaine nucléaire.

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