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Intervention de Patrick Braouezec

Réunion du 11 février 2010 à 15h00
Projet de loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure — Article 18

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Braouezec :

Or j'ai le pressentiment que, notamment sur le sujet dont nous débattons, la vieille gauche d'aujourd'hui est peut-être la gauche moderne de demain.

Mme Batho s'est interrogée sur la finalité du texte. Si celle-ci est de lutter contre l'insécurité, le terrorisme et toutes les formes de violence, les outils que l'on envisage sont-ils vraiment efficaces ? J'ai promis à Philippe Goujon de lui raconter une belle histoire. (Sourires.) Il y a seize ans, j'étais membre d'une délégation d'élus qui s'est rendue aux États-Unis afin d'observer la façon dont ce pays luttait contre la criminalité. Nous sommes allés à New York ainsi qu'à Washington, dans la cité Paradise, la plus criminogène des États-Unis. En descendant du car, nous voyons un panneau portant l'inscription : « Neighborhood Watch » – « quartier sous surveillance ». Nous voici donc dans l'ambiance : toute personne témoin d'un délit est invitée à appeler un numéro de téléphone figurant sur le panneau.

Puis nous sommes accueillis dans la cité – où, curieusement, il y avait très peu de monde dans les rues – par quelqu'un qui se présente comme un membre des « Black Muslims » – les « Noirs musulmans » –, lesquels, nous explique-t-il, exercent cette surveillance : « Tout est placé sous vidéosurveillance, jusqu'au moindre hall d'immeuble », nous dit-il, et « au premier délit, la famille peut être expulsée de la cité ». Notre guide nous fait alors visiter un local, dans lequel nous apercevons en effet plusieurs écrans qui balaient tout l'espace public. « La criminalité, nous affirme-t-il, a diminué de façon spectaculaire dans la cité. »

Sa démonstration ne nous laissant pas béats, nous lui demandons si la criminalité a diminué dans les mêmes proportions ailleurs. « Non, nous répond-il avec fierté. Justement : dans la cité voisine, elle a beaucoup augmenté. » « Y a-t-il selon-vous un lien de cause à effet ? » lui demandons-nous. Long silence.

Nous l'interrogeons alors pour savoir si ce système de surveillance a eu des conséquences positives en milieu scolaire. « Non », nous répond-il, « c'est précisément le problème : il y a beaucoup plus de violence dans les écoles. » Un autre a la curiosité de lui demander si la violence dans les familles a diminué. « Non, nous répond-il encore, c'est un autre problème : il y a davantage de violence dans les foyers, où ne pouvons pas installer de caméras ».

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