Je trouve un peu dérisoire la tentative du Gouvernement de jouer avec les mots en transformant la vidéosurveillance en vidéoprotection.
Je suis d'accord avec M. Pupponi : la vidéosurveillance n'est en rien protectrice. Elle ne peut en aucun cas être assimilée à une forme de protection, puisque la vidéosurveillance intervient, par définition, la plupart du temps a posteriori et une fois que l'infraction a été commise.
Un certain nombre d'études – nous avons l'exemple de la Grande-Bretagne – ont largement démontré le caractère illusoire d'une généralisation de la vidéosurveillance ou vidéoprotection, quel que soit le nom qu'on lui donne. Selon les résultats d'une étude britannique, 80 % des images sont inutilisables et seulement 3 % des vols ont pu être résolus à Londres grâce à ce système. À l'aune du fiasco de la vidéosurveillance outre-Manche, on aurait pu réfléchir à d'autres moyens, sans doute plus performants, pour lutter contre la criminalité.
Je vais citer un exemple pour montrer que la question de la vidéosurveillance ne se règle pas simplement par la pose d'une caméra.
J'ai reçu, il y a quelque temps, une femme qui avait été suivie jusque chez elle par des individus. On lui avait volé ses papiers, mais visiblement pas sa carte bleue. Elle était donc un peu rassurée. Or, lorsqu'elle a voulu retirer de l'argent, elle s'est aperçue que l'on avait substitué à sa carte bleue une autre, volée auparavant dans un magasin sous vidéosurveillance et pour laquelle une plainte avait été déposée. Les forces de police n'ont pas mené d'enquête, car elles n'en avaient pas les moyens. Cela prouve que la vidéosurveillance n'a pas de sens en soi si l'on ne dispose pas à la fois de moyens de police et d'investigation.