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Intervention de François Pupponi

Réunion du 11 février 2010 à 15h00
Projet de loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure — Article 17 a

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Pupponi :

Nous commençons l'étude des articles relatifs à la vidéosurveillance. En la matière, vous y allez fort, si j'ose dire, puisque vous proposez de remplacer le mot « vidéosurveillance » par « vidéoprotection ».

Un grand débat a eu lieu dans le pays sur l'intérêt de la vidéosurveillance. La quasi-totalité des collectivités locales, des maires concernés par des problèmes de sécurité ont fini par accepter d'installer de la vidéo sur leurs communes. Même si, ici ou là, certains considèrent encore que ce système n'est pas positif, désormais un grand nombre d'élus locaux voient dans les caméras un complément indispensable à une politique de sécurité.

Cela dit, tout le monde est d'accord aussi pour reconnaître que des caméras ne peuvent pas remplacer des policiers : elles ne peuvent que les aider à mener leurs enquêtes. Si l'on peut douter de l'intérêt préventif d'une caméra – les avis sont partagés –, on est convaincu que les images filmées peuvent aider les policiers, puis la justice, à élucider des délits commis sur un territoire. Sur ce point, il peut y avoir un large consensus entre nous.

Par contre, il ne faut pas, comme vous le faites, tomber dans l'excès. Vous êtes en train d'effectuer une opération de communication. Depuis huit ans, vous promettez aux Français que la sécurité va s'améliorer dans le pays. Or on voit bien, malgré les statistiques que vous essayez de nous vendre, que les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances. Alors que le Président de la République nous avait promis monts et merveilles, on constate que les actes délictueux, en particulier les attaques contre les personnes, sont de plus en plus graves, violents et réguliers. Les gens sont de nouveau concernés par l'insécurité dans leur vie quotidienne.

Comme vous êtes dépassés par cette évolution, vous essayez à nouveau de persuader les Français que vous allez vous occuper et du sentiment et de la réalité de l'insécurité. Pour cela, vous inventez le terme de vidéoprotection, laissant ainsi penser qu'une caméra peut protéger. Qu'elle puisse surveiller et aider les policiers, nous en sommes d'accord, mais faire croire aux Français qu'elle peut les protéger, c'est un abus de langage qui, à terme, vous portera préjudice ; après tout, c'est votre problème. Comme vous les avez déçus en leur faisant croire qu'une fois élus vous alliez tout régler, vous les décevrez à nouveau avec la vidéoprotection.

Il n'est pas raisonnable d'asseoir une opération de communication sur un sujet aussi sensible, alors qu'un consensus commence à se dégager s'agissant de la façon d'utiliser les caméras pour lutter efficacement contre l'insécurité et les actes délicteux. C'est la raison pour laquelle nous proposerons un amendement de suppression.

Je le dis avec solennité, car vous savez parfaitement que l'insécurité est un sujet sensible. Vous commencez à constater que des promesses non tenues dans ce domaine sont extrêmement mal perçues par les Français, car ils vivent au quotidien douloureusement cette insécurité. Vous persistez dans l'erreur en communiquant plutôt qu'en agissant. Vous savez très bien que les caméras et la vidéoprotection que vous promettez ne pourront jamais remplacer les 9 000 policiers et gendarmes que vous allez supprimer dans les trois ans qui viennent.

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