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Intervention de Alain de Pouzilhac

Réunion du 10 février 2010 à 10h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Alain de Pouzilhac, président-directeur général de la société en charge de l'Audiovisuel extérieur de la France :

S'agissant de TV5 Monde, j'apporterai quelques précisions. Je suis un ardent défenseur de cette chaîne. La chaîne – et sa nouvelle directrice générale Marie-Christine Saragosse y est pour beaucoup, comme avant elle M. Serge Adda – effectue un travail remarquable de diffusion de la francophonie, ainsi que de la langue et de la culture françaises. Marie-Christine Saragosse travaille à transformer TV5 en un média global. Le travail est gigantesque et nous devons aider le plus possible les équipes de TV5.

Les deux principales entrées vers TV5 Monde sont la météo et l'apprentissage du français. Il s'agit d'un élément essentiel d'attraction de nouveaux internautes vers le site. S'il y a un problème s'agissant de la météo, nous allons le résoudre, d'autant plus que le site de TV5 sert de modèle pour le développement des autres sites météo de l'audiovisuel extérieur.

S'agissant des ressources propres, contrairement à ce que j'ai entendu, la publicité sur RFI n'est pas en croissance, elle ne l'a jamais été. Elle apporte 1,2 million d'euros de ressources cette année. Alors que les ressources propres de la Deutsche Welle approchent 22 % de son budget de 330 millions d'euros, pourquoi l'audiovisuel extérieur de la France n'arrive-t-il qu'à 2 % ? Serions-nous dix fois moins performants que les Allemands ? De même, les ressources propres de BBC World News atteignent, je vous le rappelle, plus de 70 millions d'euros. Nous ne pouvons nous en satisfaire et devons donc développer nos ressources propres. C'est une nécessité absolue car cela nous permettra de disposer de ressources supplémentaires pour nous adapter aux nouvelles technologies.

Cette adaptation est indispensable et décidera de notre avenir. Il existe aujourd'hui quatre milliards de téléphones mobiles et Internet prend chaque jour de plus en plus de place au sein des médias. Notre expérience africaine le montre, le téléphone portable peut être un vecteur de développement : 235 000 SMS ont été envoyés pour informer les porteurs de téléphone portable de la diffusion du Journal de l'Afrique de RFI depuis la Côte d'ivoire, 175 000 jeunes Ivoiriens ont écouté ce journal le soir même depuis leur téléphone ! Le constat est le même en Tanzanie.

Le grand enjeu de demain, ce sont clairement les nouvelles technologies et nos concurrents le savent bien. Ainsi, Voice of America utilise également le téléphone portable comme vecteur d'information : à Téhéran, 2,3 millions d'Iraniens abonnés reçoivent des SMS quatre fois par jour car c'est le seul vecteur de diffusion de l'information qui ne peut être censuré. Pour développer ce type d'actions, il faut des ressources propres, tant publicitaires que liées à des produits dérivés.

S'agissant d'Euronews, je ne dirais pas qu'il s'agit d'un concurrent de France 24, CNN ou BBC. En effet, Euronews diffuse des images de presse traduites dans différentes langues, alors que France 24 développe les valeurs de la France, et de l'Europe. L'osmose n'est pas possible.

Concernant la régie de l'audiovisuel extérieur de la France, nous n'avons pas l'intention de travailler avec France Télévisions Publicité. Nous allons développer une régie interne qui travaillera pour l'ensemble des chaînes et radios de l'AEF.

Le sous-titrage en langue étrangère des chaînes d'information qui travaillent, comme nous, en direct, est impossible en l'état actuel des technologies. Google expérimente ce type de traduction simultanée, pour le moment, sans grand succès.

Je suis d'accord avec Christine Ockrent, il n'y a pas de catastrophe à RFI. La catastrophe, c'est bien plutôt de passer de 44 millions d'auditeurs à 35 millions, c'est également que 85 % de notre influence se résume à l'Afrique, alors qu'auparavant nous étions à 50 % – cela veut dire que nous perdons pied ailleurs. La baisse de notre part de marché dans toutes les langues est également une catastrophe. Nous avons essayé de passer par un plan de départs volontaires, qui fonctionne d'ailleurs bien. Il n'y a eu aucun départ contraint. Il n'y a aujourd'hui plus de déficit et nous allons pouvoir de nouveau investir.

S'agissant des ondes courtes, elles sont indispensables dans certaines parties du monde, vous avez raison. Ainsi, nous sommes encore autour de 23 % d'ondes courtes dans trois pays d'Afrique, le Niger, le Nigeria et la Tanzanie. Les autres sont tombés entre 1 et 3 %.

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