S'agissant de la distribution de France 24, il faut rappeler que TV5 a 25 ans, Euronews a 15 ans, BBC International a été créée il y a 50 ans, CNN, il y a 25 ans, la Deustche Welle, il y a 20 ans, et Eljazeera, il y a 5 ou 6 ans. Pour sa part, France 24 a été créée il y a seulement 3 ans. Nos concurrents sont donc installés dans le paysage depuis plus longtemps et disposent de plus de moyens.
Je rappelle que la distribution dans les hôtels des chaînes de télévision, et notamment de celles que nous devons promouvoir, dépend des contrats commerciaux qui sont négociés avec les opérateurs de satellite et les câblo-opérateurs qui participent à la chaîne de la diffusion. La France peut être ainsi mise en concurrence par exemple dans certains pays arabes avec des chaînes arabes qui disposent de moyens très importants. Sans l'argent pour payer ces opérateurs, on n'existe pas. C'est une des raisons pour lesquelles la France doit disposer de moyens suffisamment importants pour affirmer sa présence et la diffusion de ses chaînes dans les hôtels. Sur ce plan, il y a d'ailleurs lieu de souligner que la signature d'accords avec les chaînes d'hôtel n'est pas suffisante. Il faut également s'assurer de l'accord des câblo-opérateurs locaux. Des difficultés ont été rencontrées sur ce point dans certaines capitales européennes, comme par exemple à Berlin. Tout est donc une question de moyens financiers.
Le développement de France 24 ne fait pas une concurrence directe à TV5 Monde, puisque cette dernière, à la différence de France 24 qui est une chaîne d'information en continu, est une chaîne généraliste. Les deux chaînes n'ont donc pas les mêmes missions. En outre TV5 Monde est une chaîne qui associe plusieurs pays. L'évolution de ses sept principaux programmes dépend donc d'accords à passer avec les différents partenaires. On peut d'ailleurs saluer, à nouveau, le rôle déterminant qu'a joué Serge Adda pour implanter et développer TV5 Monde. Mais ces partenaires n'ont pas forcément intérêt à voir se développer la concurrence de TV5 Monde sur leurs propres bassins d'audience. C'est pourquoi lorsque l'on critique les programmes de TV5 Monde, il faut avoir à l'esprit que cette chaîne est elle-même en concurrence avec certains de ses actionnaires. Cela pourrait par exemple expliquer le fait que TV5 Monde n'obtient que 2 % d'audience au Québec.
Dernier point, l'Europe. Sur RFI et France 24, nous diffusons davantage d'émissions sur l'Europe que toutes les chaînes françaises réunies. Ce n'est d'ailleurs pas difficile… Sur cette thématique également, la complémentarité des médias joue à plein. D'ailleurs, RFI est une radio très compétitive de ce point de vue puisque nous avons réussi à mobiliser des financements européens au service de formations ou de programmes à destination notamment de l'Afrique, mais également d'autres pays.
De même, conjointement sur RFI et France 24, des fonds européens obtenus sur concours nous ont permis de financer une émission hebdomadaire à Bruxelles. C'est d'ailleurs un aspect très « vendeur » auprès de nos diffuseurs.
Il y a à l'étranger une forte attente de la France. L'attente d'un point de vue français sur l'information est d'autant plus forte que cette information est différenciée des pays anglo-saxons et arabes. Les auditeurs et téléspectateurs veulent pouvoir comparer les informations dont ils disposent, comparer les angles et les points de vue.
A ce sujet, les talents sont nombreux et très variés à RFI. Il est inexact de dire qu'il y a eu un raz de marée de départs ! Il y avait, uniquement à Paris, 1 170 salariés en équivalent temps plein plus environ 600 pigistes sur le terrain à l'étranger, qui sont d'ailleurs un atout extraordinaire pour RFI.
Demain, c'est le pari que nous faisons, c'est toute une génération qui va pouvoir exprimer ses envies, évoluer en termes de carrière, de manière plus flexible. Concomitamment, nous encourageons et formons les salariés pour qu'ils s'approprient l'ensemble des nouvelles technologies. Ces technologies offrent la possibilité de démultiplier les canaux de diffusion.
L'évolution de RFI, quel que soit son prestige, est indispensable. On ne peut maintenir une radio identique à celle qui existait il y a vingt ans ! Aucun média ne résiste à ce genre de glaciation.
Les négociations avec les syndicats partenaires se sont déroulées sur cette base, d'autant que les personnes qui sont parties ont voulu partir parce qu'elles avaient d'autres projets de vie. Aucun salarié de RFI n'est parti « dans la nature », qu'il soit journaliste ou technicien. Ces départs volontaires concernent, rappelons-le, très peu de salariés puisqu'il restera à RFI plus de 1 000 salariés en équivalent temps plein, personnels qui pourront exprimer, mieux qu'ils ne le pouvaient sous l'effet du nombre, leur talent.
S'agissant de la liberté éditoriale, il s'agit d'un acquis de longue date, qui fut long à obtenir, tant en France qu'en Europe. En Afrique, le contenu de cette information, notamment s'agissant des régimes en place, est tout à l'honneur de cette conception démocratique de l'information. Certes, elle ne satisfait pas forcément tout le monde, et si les intérêts des expatriés français sur place doivent être pris en compte, l'information ne peut pas consister à se placer uniquement de leur point de vue. Il convient de maintenir nos valeurs et non de les adapter aux considérations de terrain.