Une situation familiale explosive, une relation tendue de voisinage, une cigarette refusée, une réprimande d'enseignant, un simple mauvais regard, et c'est le drame. La vidéoprotection permettra souvent d'arrêter l'auteur. Elle ne permettra pas d'intervenir avant que le couteau ne sorte. Si la police de proximité apparente de la fin des années 1990 avec ses adjoints de sécurité sans formation ni pouvoir a été contreproductive, la réussite de la police d'investigation remise à l'honneur par Nicolas Sarkozy n'est pas suffisante. Il ne suffit pas d'élucider les faits passés et de dissuader, il faut aussi prévenir, par l'information, par le contact, par la coproduction avec la population d'une sécurité collective. Il faut poursuivre et amplifier, monsieur le ministre, l'expérience des UTEQ. Celle qui a été implantée dans le quartier de la Bourgogne à Tourcoing donne satisfaction. La violence est une dérive humaine qui a besoin d'une réponse humaine. Dans tous les quartiers, même les plus sensibles, la police citoyenne doit être présente non comme une armée d'occupation avec ses drones, ses caméras et ses armes sophistiquées, mais comme un poisson dans l'eau, pour reprendre une formule de Mao Tsé-Toung.
Enfin, en troisième lieu, je voudrais vous faire part, monsieur le ministre, d'une véritable inquiétude. J'ai voté parfois avec enthousiasme un certain nombre de textes. Leur mise en oeuvre s'est avérée parfois bien décevante. Je citerai trois exemples. Je pensais voir remplacer les Laguna de 160 000 kilomètres de la Bac de Tourcoing par les BMW et autres AUDI qu'elles étaient chargées de poursuivre une fois celles-ci rattrapées et saisies. Elles sont restées à grands frais sous la garde de la justice. J'ai failli proposer un amendement contre la mendicité agressive et organisée qui envahit notamment les carrefours de la métropole lilloise. Le texte existe déjà. Il est sévère. J'observe qu'il n'est pas appliqué. Le débat sur les halls d'immeuble fut épique. Cette mesure a donné lieu à des suites judiciaires infimes : 87 condamnations seulement pour 2007. Elle était pourtant essentielle car elle permettait de mettre fin au rapport de force, lourd de menaces de représailles qui gangrène la sécurité de certains quartiers au profit des bandes et de leurs trafics. Je souhaite pour ma part qu'à l'occasion de cette nouvelle loi, vous vous engagiez, monsieur le ministre, à mettre en oeuvre ou à parfaire des dispositifs déjà votés mais insuffisamment appliqués.