Entre les dates retenues comme références, entre les dates d'arrivée et les dates de départ, il est difficile d'avoir une idée précise sur le nombre exact de policiers présents sur le terrain. C'est plutôt grâce au sens de l'observation des maires, qui sont très sensibles au nombre de policiers présents dans chacun de leur commissariat, que l'on peut faire une estimation.
Monsieur le ministre, je pourrais évoquer d'autres éléments spécifiques à la situation des policiers dans le département de la Seine-Saint-Denis, auxquels votre projet de loi ne pourra pas ou ne veut pas répondre ; je préfère insister sur la jeunesse des effectifs, notamment des commissaires.
Alors que le département aurait besoin de stabilité, pour encadrer l'ensemble des policiers, pour que ces policiers connaissent leur territoire, on constate que, au bout de deux ans, la quasi-totalité des effectifs a bougé. C'est un sérieux handicap. Il y aurait intérêt à prendre en compte l'ensemble de ces handicaps.
Nous assistons en effet – nous nous en rendons compte au travers des chiffres qui sont communiqués – à une évolution constante de la nature des crimes et des délits commis, qualitativement et quantitativement. Les actes recensés sont de plus en plus graves. Ils sont multiformes, allant d'une délinquance mafieuse à une violence très spontanée, écume d'une vague marquée par la dégradation des relations quotidiennes entre les citoyens.
Le nombre d'infractions constatées augmente également. L'insécurité est de plus en plus enracinée dans certains quartiers périurbains, dans un contexte national d'augmentation des violences physiques soulignées par l'observatoire national de la délinquance. La Seine-Saint-Denis est ainsi au premier rang des départements concernés. En 2009, les atteintes volontaires à l'intégrité physique ont augmenté de 4 %, les violences physiques non crapuleuses de 3,5 %, et les violences physiques crapuleuses de plus de 7 %. Ce sont des chiffres officiels, monsieur le ministre.
Du coup, nous sommes confrontés à la réalité de votre texte, qui, d'une certaine manière, essaie de mettre l'accent d'abord sur la vidéosurveillance, laquelle semble être l'alpha et l'oméga pour remplacer les policiers, pour remplacer cette police de proximité dont nous avons besoin, pas simplement en police du quotidien mais également en police judiciaire, pour pouvoir mener des enquêtes, obtenir des renseignements.
Puisque j'évoque cette police du quotidien, permettez-moi, monsieur le ministre, de mettre en avant une réelle préoccupation pour l'élu de la Seine-Saint-Denis que je suis : le sentiment que, du fait de cet affaiblissement de la police du quotidien, de ce relâchement du lien républicain entre police et population, les relations entre jeunes et policiers se dégradent.