Prendre en compte le principe de complexité, évaluer les politiques publiques, admettre la réalité, ne pas sous-estimer – évidemment ! – la souffrance des victimes : voilà les points qui devraient rassembler tous les républicains quand il s'agit de faire, sur cette question, le bilan de huit années de pouvoir.
Nous sommes d'accord pour considérer les faits dans leur brutale actualité, pour considérer qu'il faut y répondre par des politiques adaptées aux situations, par du « sur mesure » et non par un « prêt à penser » idéologique qui voudrait que la réalité s'adapte aux préjugés, à vos préjugés. Cela nécessite du travail et du courage.
Du travail pour connaître les auteurs, les victimes et les territoires les plus touchés par les différentes criminalités. Ce sont les objectifs qu'il faut assigner aux forces de l'ordre.
Du courage pour sortir des incantations ou des lamentations de l'instant, pour dialoguer avec celles et ceux qui, sur le terrain, sont en première ligne.
J'ai parfois le sentiment d'entendre les débats que nous avons eus entre 2002 et 2007. Je vous le dis franchement – nous sommes nombreux à le penser –, ce projet de loi n'est pas liberticide. Il pose évidemment des problèmes du point de vue constitutionnel, mais le vrai sujet c'est celui de l'efficacité. Sortons donc de la confrontation archaïque entre les tenants de l'excuse absolutoire, qui considèrent qu'il n'y a pas d'auteurs mais seulement des victimes, et les partisans de la répression aveugle, qui ont pour seul souci l'élimination des auteurs, quelles que soient les motivations de leur acte ! Essayons de construire une politique de sécurité moderne, comme l'ont fait la plupart des pays industriels !
Vous n'avez pas fait ce choix. Vous refusez de revoir votre stratégie, à supposer que vous en ayez une, ce dont je doute. Vous devriez écouter ceux qui vous disent depuis 2002, et le fameux débat de juillet 2002, que la suppression de la police de proximité est le péché originel de Nicolas Sarkozy en matière de sécurité. Nous le payons cher. Jean-Christophe Lagarde nous invitait à en débattre, mais la police de proximité ne faisait que se mettre en place et la réduire à la surveillance des stades ou des sorties d'école à dix-huit heures n'a pas beaucoup de sens.
Delphine Batho vous l'a dit tout à l'heure avec beaucoup de force, nous sommes retournés à une police des années 60, coupée de la population, hiérarchisée et centralisée, orientée uniquement sur l'expertise technique, d'où le malaise qui existe aujourd'hui dans la police nationale, et c'est dangereux. Entre 1997 et 2002, sur tous les bancs de la droite, vous demandiez du bleu dans les quartiers. Or, aujourd'hui, monsieur le ministre, les citoyens ne voient pas de bleu dans les quartiers ; ils demandent une présence de la police et, malheureusement, la politique que vous avez choisie est contraire aux objectifs que vous espériez atteindre à l'époque.
La suppression de 10 000 postes d'ici à 2012 confirme la volonté du Gouvernement de s'enfermer dans cette stratégie qui – pardon de vous le dire – nous conduit droit dans le mur ! Il faut d'ailleurs dire à quel point les UTEQ ont été une mesure de replâtrage et d'affichage qui a permis à Mme Alliot-Marie de marquer sa différence avec son illustre prédécesseur et sur laquelle, j'en suis convaincu, vous allez revenir.
Je suis convaincu aussi qu'une police des quartiers ancrée sur le terrain, avec des missions claires, agissant en partenariat avec les acteurs de ce terrain, serait bien plus efficace. Là encore, évitons les faux débats ! Nous sommes nombreux dans nos mairies à mettre en oeuvre la vidéoprotection, parce que c'est un outil que nous considérons comme efficace,…