NPA Conseils est un cabinet d'études et de conseil spécialisé dans l'audiovisuel. Nous travaillons sur le sujet des télévisions locales depuis huit ans, soit au travers de rapports et d'études, soit dans le cadre de missions auprès de chaînes publiques ou privées pour accompagner leur développement. En début d'année dernière, quand TF1 Publicité « rendait leur liberté » aux chaînes locales, nous avons rempli pour leur compte une mission exploratoire sur les conditions de mise en place d'une syndication publicitaire et d'une syndication de programmes. Les deux éléments sont en effet liés : l'espace publicitaire vendu à des annonceurs s'intègre à un contexte éditorial dont la qualité est très importante pour eux.
Parlant de publicité, nous ne parlons pas de subventions, mais d'affaires – Martine Hollinger a employé le terme de retour sur investissement – : les annonceurs apportent un budget à une chaîne et en attendent un impact sur leur image et leurs ventes. Cela emporte au moins deux conséquences s'agissant des annonceurs nationaux.
Premièrement, pour pouvoir leur vendre l'audience de la télévision locale, il faut un certain nombre de chaînes rassemblant un public suffisant. C'est toute la question de la puissance et du volume d'écoute. Les chiffres cités par Philippe Santini sont éloquents. Atteindre le fameux seuil de 10 millions de téléspectateurs potentiels cité dans la première table ronde est une condition nécessaire, à défaut d'être suffisante.
Deuxièmement, il faut une cohérence entre les différentes chaînes : les annonceurs doivent avoir la garantie qu'un spot sera diffusé par toutes à peu près aux mêmes horaires et accompagnant le même type de programmes – de préférence de l'information ou du sport.
Cette double exigence de puissance et de cohérence du contexte éditorial débouche naturellement sur la syndication de programmes, ce qui pose la question de la place que celle-ci doit avoir dans les grilles des chaînes de télévision.
Les attentes des téléspectateurs sont multiples : ils veulent de l'information locale et régionale – qui parle de leurs centres d'intérêt, de leur vie –, mais aussi des divertissements, portés plus efficacement par des programmes nationaux – d'où l'intérêt de la syndication.
Par ailleurs, il n'y a pas de raison d'opposer deux univers : ce qui intéresse les téléspectateurs, c'est un cocktail d'informations venant aussi bien du public que du privé.
J'en tire la conclusion que les télévisions locales peuvent trouver leur équilibre financier par la conjugaison de la publicité locale – mais le marché est limité –, de la publicité nationale, dans le cadre d'une syndication et sous réserve d'une certaine puissance et d'une cohérence des grilles, et de la vente d'espaces et la signature de contrats de partenariat avec des collectivités publiques – comme c'est le cas pour la presse papier aujourd'hui.
Pour terminer, le fait pour chacun de se tenir à son métier est également, me semble-t-il, une garantie de succès. Quand certains industriels locaux se sont lassés de voir des pertes s'accumuler et ont fini par se retirer du capital des chaînes locales, ceux qui sont restés appartenaient au monde des médias. D'autre part, de mon point de vue toujours, la mission d'une collectivité locale n'est pas d'être actionnaire d'une chaîne.