Je suis émerveillé, monsieur le ministre d'État, de la façon dont les discours essaient de transformer un échec en succès, surtout si l'on se réfère aux objectifs qui avaient été définis – même si la barre avait été, il est vrai, placée assez haut. Pour autant, il est juste de souligner que les Européens sont venus dans l'esprit de Kyoto alors que les autres venaient avec un tout autre esprit, différence d'approche qui a pollué les débats.
L'enjeu était d'accrocher au mouvement de lutte contre le réchauffement climatique les pays représentant les 83 autres pour cent d'émission de gaz à effet de serre afin de limiter à 2 degrés la hausse de la température moyenne de la planète d'ici à la fin du siècle. Je crains que la hausse ne soit de 3 degrés si l'on se contente de ne rien faire d'autre que d'additionner les pays, d'autant que l'on a supprimé toute négociation sur les étapes intermédiaires alors que le président Obama était prêt à discuter du niveau de la baisse des émissions de gaz à effet de serre en 2030. Comme pour la déforestation, on n'a pas su saisir certaines occasions.
Vous avez également parlé à juste titre des différences culturelles. Mais le problème n'est pas là. Il tient à la crédibilité, en particulier en matière de financement. Le président sénégalais a ainsi pu parler, à propos de Copenhague, de promesses qui ne servaient qu'à faire oublier celles que les pays développés n'avaient jamais tenues… Quant au mépris affiché vis-à-vis du texte élaboré par le groupe de travail, qui s'était réuni jusqu'à 7 heures le mercredi matin pour le présenter en assemblée plénière, il a eu pour résultat, après que le Danemark eut préféré soumettre le sien, de conduire à un blocage notamment de la part du Brésil et de la Chine.
Rien n'avait encore été fait, avez-vous dit. Or, en matière de développement, le protocole de Kyoto, qui n'a pas été défendu pour rien par les pays africains, avait prévu un mécanisme de développement propre (MDP), même si c'est la Chine qui en a d'abord profité.
J'en viens à mes questions.