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Intervention de Sihem Habchi

Réunion du 27 janvier 2010 à 16h15
Commission spéciale chargée d'examiner la proposition de loi renforçant la protection des victimes et la prévention et la répression des violences faites aux femmes

Sihem Habchi :

Le sujet abordé par votre proposition de loi est au coeur de l'action de « Ni putes ni soumises » depuis sa création. Les réflexions menées par Fadela Amara, au sein des « Maisons des potes », sur la loi du silence à laquelle sont soumises les femmes victimes de violences dans les quartiers populaires sont, en effet, à l'origine de notre association. Ces femmes appartenaient à des populations victimes d'une véritable ghettoïsation. Il était important de libérer leur parole pour qu'elles ne se sentent plus séparées des autres comme par un mur.

À la suite de la longue marche organisée dans les quartiers, l'association « Ni putes ni soumises » a été fondée pour dénoncer les discriminations, les violences faites aux femmes et les pressions quotidiennes qui s'exercent sur leur corps. Les codes machistes conduisent, par exemple, à interdire aux femmes de porter des vêtements ostentatoires.

Pour les jeunes filles, le prix à payer a été élevé. Sohane a été brûlée vive dans un local à poubelles. Après avoir organisé une marche à Vitry, on pensait que ce type de violence ne se renouvellerait plus. Mais en 2005, Shéhérazade a été aspergée d'essence et immolée. Elle n'a eu la vie sauve que grâce à l'intervention de deux voisins. Malgré le procès qui s'est tenu en 2009 et l'action menée par « Ni putes ni soumises » les jeunes filles continuent à être des victimes. À Meaux, Kavidha a été brûlée par son mari après avoir dénoncé pendant cinq ans les violences qu'elle subissait de sa part. À Oullins, Fatima est morte, brûlée dans une cave, pour avoir voulu un mariage qui ne correspondait pas aux voeux de sa famille.

À cette occasion, notre association a été accusée d'utiliser cette affaire pour sa propre cause. Mais il faut rappeler que des femmes sont victimes de violences conjugales et n'ont pas la possibilité de sortir du cadre familial pour dénoncer ce qu'elles subissent. Des jeunes filles n'ont toujours pas accès aux moyens de contraception qui leur permettraient de maîtriser leur corps. Certaines femmes n'imaginent même pas que ce qu'elles vivent n'est pas normal et qu'elles pourraient demander de l'aide. Pour elles, l'issue est souvent la mort, le mariage forcé ou le renoncement. Quand la société ne peut pas vous protéger et ne vous reconnaît pas de droit, on s'extrait du champ social ; alors on porte un niqab ou un voile large qui vous préserve des regards. La violence ne cesse pas pour autant. Elle prend d'autres formes. Pour ces femmes, il est beaucoup plus difficile d'appeler à l'aide.

Nous nous sommes mobilisés sur tout le territoire français en créant plus de quarante comités. Nous avons développé des relations avec la Belgique et la Suède, notamment sur la question des mariages forcés. Nous sommes, bien sûr, en lien avec les pays d'origine : le Maroc, le Mali, le Sénégal, la Tunisie et la Turquie.

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