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Intervention de Martin Hirsch

Réunion du 4 février 2010 à 9h30
Service civique — Discussion d'une proposition de loi adoptée par le sénat

Martin Hirsch, haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, haut-commissaire à la jeunesse :

Et le service civique volontaire est-il compatible avec l'objectif de mixité et de cohésion sociale ? Si l'on reconnaît le rôle intégrateur de la conscription, n'était-ce pas son caractère général, obligatoire qui en était la raison ?

La question du caractère obligatoire du service civique a été longuement et passionnément débattue au Sénat. Nous avons retenu le principe d'un service civique volontaire, non par mesquinerie ou par pingrerie. Les jeunes, nous le savons, n'ont pas la juste place qui leur revient dans notre pays. Une société qui ne sait pas procurer un emploi à ses jeunes ne saurait les contraindre à accomplir un service civique. Une société qui ne se montre pas suffisamment solidaire, pas suffisamment engagée vis-à-vis de la jeunesse, ne saurait exiger d'eux une solidarité spécifique et un engagement particulier. Que la question se repose quand la situation des jeunes sera normalisée, pourquoi pas ? Que le service civique obligatoire tienne lieu, hic et nunc, d'ersatz à une intégration nécessaire de la jeunesse, non !

Pour autant, le service civique volontaire doit contribuer à cette intégration. En offrant un cadre et des moyens à l'engagement, la société soutient les jeunes, et les vertus prêtées à un service civique obligatoire doivent être les vertus conférées à un service civique volontaire. C'est en substance ce qu'a déclaré le Président de la République lors de son discours du 29 septembre à Avignon, lorsqu'il a fixé les axes d'une politique pour la jeunesse : « Je veux une génération qui ait envie de s'engager et qui soit en capacité de le faire. Une génération solidaire qui se mobilise pour une cause ou pour un idéal. Une génération qui s'investisse pleinement dans la vie associative, syndicale, politique. Une génération qui ne raisonne pas seulement en termes de droits mais aussi de devoirs. Le service civique entre pleinement dans ce projet de société. Un service civique volontaire, car l'engagement est avant tout un don de soi. » Voilà ce que nous demandait le Président de la République ; on ne saurait mieux dire.

Pour cela, nous devons être volontaristes dans la mise en place du service civique volontaire, ambitieux dans ses objectifs, loyaux vis-à-vis de notre jeunesse, généreux et exigeants dans sa conception,

Créer le service civique, c'est décréter la mobilisation générale. L'État se mobilise. L'indemnité servie aux jeunes, pendant les six à douze mois de service civique, sera intégralement versée par l'État. C'est le sens de l'amendement proposé par la rapporteure Claude Greff. Le service civique concernera, d'ici à cinq ans, 10 % d'une classe d'âge : 10 000 jeunes cette année, 25 000 jeunes l'année prochaine, 40 000 jeunes en 2012, 55 000 jeunes en 2013 entre 70 000 et 75 000 jeunes en 2014. Pour atteindre cet objectif, ce sont 500 millions d'euros qui devront être mobilisés chaque année par l'État, à compter de cette date.

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