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Intervention de Yves Vandewalle

Réunion du 2 février 2010 à 21h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2010 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Vandewalle :

Notre problème, c'est de rétablir les conditions de la croissance, en soutenant la recherche-développement et l'industrie, qui ne représentent plus, en France, que 12 % des emplois, contre 21 % en Allemagne. Comment avons-nous pu rater la révolution des écrans plats, alors que nous avions une industrie des tubes ? Pourquoi nos constructeurs automobiles ne proposent-ils toujours pas de véhicules hybrides ou électriques, alors que certains concurrents le font déjà ?

Pourtant, nous avons des atouts et les pistes d'avenir ne manquent pas. Un exemple : l'industrie aérospatiale utilise de plus en plus les matériaux composites. Fabriquons donc les fibres qui ne sont produites aujourd'hui que par des entreprises japonaises ou américaines. Ce sera d'autant plus utile que la maîtrise de la fabrication de ces fibres est stratégique, puisqu'elles servent notamment aux moyens de la dissuasion.

Mais il n'y a pas que les industries dites de pointe : c'est en profondeur qu'il faut rebâtir notre tissu industriel. Qui connaît l'usine Tembec Tartas, dans les Landes ? Pourtant, grâce au talent de ses ingénieurs et de ses dirigeants, cette ancienne usine de pâte à papier transforme aujourd'hui le bois en matière première de haute technologie et résiste à la concurrence internationale. Il s'agit de cellulose servant à la fabrication de nombreux produits chimiques : fibres textiles, peintures à l'eau, cachets d'aspirine ou interrupteurs électriques.

Comparée aux ateliers de haute technologie que l'on fait volontiers visiter aux ministres, l'usine ne paie pas de mine, mais elle vend 85 % de sa production à l'exportation. Encore faut-il ne pas décourager ces entrepreneurs, ni tuer ces entreprises par l'abus de la réglementation : alors que l'usine valorise ses déchets en les brûlant pour produire l'énergie dont elle a besoin, ce qui est particulièrement vertueux aujourd'hui, elle ne sait plus, depuis quelques mois, que faire des cendres qui s'accumulent car de nouvelles normes interdisent de les valoriser…

À l'heure du Grenelle, voilà une activité industrielle exemplaire qui valorise la partie noble du bois et ne brûle que les déchets ultimes. Selon une étude, une tonne de bois-énergie représente une valeur ajoutée de 118 euros et crée deux emplois, alors que, pour le bois utilisé comme matière première, la valeur ajoutée est presque dix fois supérieure et l'emploi vingt-cinq fois ! Voilà qui devrait nous inciter à mieux valoriser nos abondantes ressources forestières.

Ce n'était qu'un exemple. Comme vous le soulignez à juste titre dans l'exposé des motifs de votre projet de loi, nous avons besoin d'accélérer le rythme d'innovation et de mieux former la main d'oeuvre pour améliorer la productivité et la compétitivité de nos entreprises. Vous l'avez compris, au-delà des priorités de l'emprunt national, que je soutiens, c'est à un effort global au bénéfice de tout notre tissu industriel que je vous invite, si l'on veut créer demain suffisamment d'emplois.

Madame la ministre, monsieur le ministre, notre pays fourmille de talents. Vous avez raison, donnons-leur la chance de s'épanouir ! L'emprunt national que vous nous proposez donnera un coup de fouet à l'enseignement supérieur et à la recherche, et à l'investissement dans un pays qui investit trop peu depuis plusieurs décennies, comme l'a montré tout à l'heure notre collègue Michel Bouvard. Vous l'avez compris, je voterai votre projet de loi. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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