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Intervention de François de Rugy

Réunion du 2 février 2010 à 21h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2010 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Rugy :

…il fera face à un problème énorme et ne pourra mettre en oeuvre un certain nombre de priorités politiques à cause de l'accumulation de cette dette et du poids de son remboursement.

Vous êtes vous-mêmes confrontés à ce problème depuis le début de la crise, car vous aviez dégradé le déficit, et donc augmenté la dette, avant celle-ci. On ne le dit pas assez : avec le paquet fiscal de juillet 2007, vous aviez déjà aggravé le déficit de l'État. Nous avons à présent l'impression qu'il ne vous reste plus aujourd'hui comme seule politique que la fuite en avant, et que le grand emprunt n'est qu'un habillage de l'accroissement de la dette, habillage qui ne trompe d'ailleurs pas grand-monde. Je ne reviens pas sur la démonstration qu'a faite tout à l'heure Henri Emmanuelli, que je partage pleinement sur ce point, de même que sur le manque de transparence de votre procédure budgétaire.

L'accroissement de la dette en dehors d'un contexte de crise empêche d'agir en cas de crise. Il faut également se demander ce qu'il en sera demain si nous avons à faire face à des défis nouveaux. Je ne prends qu'un exemple : le défi écologique, énergétique. Nous savons que, pour relever ce défi, des investissement importants devront être réalisés, dans le parc de logements ou les transports ferroviaires, par exemple, et que cela nécessitera sans aucun doute des financements publics car nous ne pourrons pas nous en remettre uniquement à des financeurs privés. Eh bien, là non plus, nous n'aurons plus aucune marge de manoeuvre.

Pour conclure mon propos sur la dette, je citerai une étude réalisée par Nicolas Bouzou – économiste que l'on ne peut pas vraiment classer à gauche – et publiée par la Fondapol, Fondation pour l'innovation politique – que l'on ne peut pas non plus classer à gauche puisqu'elle est présidée par Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet d'Édouard Balladur lorsque celui-ci était Premier ministre. Voilà ce que dit M. Bouzou à propos de la dette : « La sagesse consiste à rappeler qu'à un horizon pas forcément si lointain, le risque d'une crise grave existe, y compris pour la France. » Il devrait donc exister sur ce point entre nous un large consensus pour ne pas nous engager dans cette fuite en avant qui consiste à augmenter encore la dette. Et ce ne sont pas les discours ayant tendance à prendre les Français pour des enfants ignorants de la chose économique, sur la bonne et la mauvaise dettes, le bon et le mauvais déficits, qui vont nous endormir.

Je dirai quelques mots des dépenses proposées, en commençant par une remarque sur l'industrie. Il revient souvent dans vos discours, madame la ministre, comme dans ceux de votre secrétaire d'État délégué à l'industrie, ou encore ceux du Président de la République, que la faiblesse de l'industrie française serait causée par un sous-investissement. Je trouve à ces discours une certaine naïveté. Les Français voient bien que si un pays comme la France se désindustrialise – ce n'est pas un risque mais une réalité –, cela vient avant tout des délocalisations, qui sont la conséquence directe d'une dérégulation du commerce mondial…

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