J'espère que ce débat nous donnera l'occasion d'évoquer les défis de la politique culturelle européenne, car il est paradoxal qu'en Europe, la politique culturelle nationale soit restée, contrairement à l'économie, un domaine tout aussi national que la promotion de la langue.
Le Goethe Institut, s'il peut être comparé au British Council s'agissant de son autonomie vis-à-vis du Gouvernement, diffère beaucoup sur le plan de ses activités. Il est ainsi difficile de connaître la densité de notre réseau car il existe une grande différence entre les bureaux composés d'un ou de deux employés et les instituts proposant une véritable programmation culturelle.
L'histoire des institutions allemandes chargées de représenter la culture et la langue allemandes à l'étranger commence dans les années 1920. Après une première guerre mondiale perdue, l'État était tellement discrédité que les Allemands ont cru bon de fonder des institutions émergeant de la société civile, tel le Goethe Institut, qui n'a en effet pas été fondé en 1952, comme cela a longtemps été dit, mais en 1932, à l'occasion du centenaire de la mort de Goethe. Il fut instrumentalisé par les Nazis avant d'être interdit, à la fin de la deuxième guerre mondiale. C'est ainsi qu'après deux guerres mondiales perdues, ont coexisté, au côté du Goethe Institut, d'autres institutions émergeant de la société civile : l'Office allemand d'échanges universitaires (DAAD) et la fondation Alexander von Humboldt.
En Allemagne, deux principes ont toujours régné : l'autonomie et la décentralisation. En l'occurrence, l'autonomie ne porte que sur les contenus des programmes ; il ne s'agit pas d'une autonomie financière, puisque nous dépendons largement des subventions de l'État, auquel nous sommes liés par un contrat. Mais pour éviter toute instrumentalisation, ce contrat ne lie pas l'Institut au Gouvernement.
Depuis trois décennies, le Goethe Institut contribue à améliorer l'image de l'Allemagne de l'Ouest et, depuis 1989, de l'Allemagne tout entière, en évoquant très librement les points noirs de notre passé. Dans un premier temps, ces critiques n'ont pas plu aux hommes et aux femmes politiques, mais les récents gouvernements les ont pour leur part acceptées.
L'Institut est confronté à certains problèmes financiers, dus au fameux « piège structurel » : nos frais structurels sont tellement élevés qu'il reste peu d'argent pour les programmes culturels. La crise financière que nous traversons, et qui va s'aggraver en 2011 et 2012, va sans nul doute amplifier le problème. Nous aurons une belle maison, mais sans la moindre possibilité de mener des actions culturelles pertinentes.